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Récits d'aventures : Armure d'Or



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Chapitre III


Le château de Giretharth présentait un spectacle assez particulier à celui qui ne l’avait jamais vu.

Autant la ville n’était qu’un amas de pierre, de bois, de brique rouge et de pavés, autant le château était un édifice majestueux , surplombant la ville sur une grande colline verte, entouré d’une rivière circulaire.

Tout autour du château, ce n’était que verdure et petit bois, il y avait de nombreuses bêtes qui vivaient là.

Cet air de calme, qui fut construit du temps où les druides avaient une influence encore plus grande, s’étend sur environ 7 barrières à la ronde du château (1,4 Kilomètres).

Les citadins l’appelaient la tâche verte, mais on ne pouvait s’y promener en vertu de la grille entourant tout le domaine, et des sentinelles vous tombant dessus à l’improviste.

La nuit, un phénomène particulier se produisait : de loin on pouvait voir le château s’allumait.

C’était là une grande merveille que ces Loups Blancs, statues de pierre en forme de Loup couché sur leur socle et dont de la bouche émanait une lumière puissante.

Ils étaient disposés régulièrement tout autour du domaine du château, environ tout les 50 mètres, et était l’œuvre de Velandir.
C’était du temps où il était jeune, et où le savoir l’intéressait bien plus que ces sempiternelles querelles de famille ; il était audacieux, et réfléchi, un peu comme Shynerth.

Les grilles pour une fois était grande ouverte : c’était l’attribution des troupes.
Les quatre chemins se trouvant aux quatre points cardinaux, montaient en s’enroulant sur la colline : l’escalade totale –surtout au vu du nombre de personnes- prendrait bien 2 heures.

Il y avait bien là 50000 personnes, dont 20000 professionnels. On pouvait facilement les distinguer : bien que marchant en foule compacte, il régnait un certain ordre et une discipline, leurs arcs bien dressés, leurs sceptres droit, et leurs épées pointées au ciel.

Du côté du peuple, l’ambiance était bonne enfant, et quantités de rires et exclamations fusaient.

La basse cour du château était tout juste assez grande pour tout ce monde, et encore on dut se serrer. Il fut donc décidé de se rendre hors de la ville, sur la petite plaine séparant le château de la tour de mage.

Cette décision ,prise par des hommes qui ne se trouvaient pas sur le terrain, ne pouvait entraîner que confusion et désordre partout, et c’est ainsi que tout ce beau monde se retourna en arrière, et repartit en petit groupe à travers les rues de la capitale.

Parmi la course la plus spectaculaire, on put assister à une véritable galopade chez les marchands et les établis.
C’est tout juste s’ils ne passèrent pas sur la foule, renversant bien quelques passants imprudents.

On assista souvent à divers incidents comme deux colonnes qui se rentrent dedans, un amassement de la populace en un point, une taverne prise d’assaut – car malgré l’hiver naissant, la température était très agréable, et toute cette foule amassée éveillait d’étrange sentiments de soif chez ces gens.
Personne ne savait pourquoi, mais on sentait comme une odeur âcre qui se diffusait, asséchait les gorges

***

Bub marchait depuis bientôt une journée…elle n’en pouvait plus, ses pieds criaient à l’abandon, et sa gorge à la soif…épuisée déjà par une grossesse, elle se demandait si elle arriverait aux montagnes avant la fin de la journée…Mais elles n’étaient pas vraiment plus près…Elle n’avait parcourue qu’une lieue dans la journée, ils lui en restaient 30 fois plus au moins…Elle n’était qu’au début de cette vaste plaine parsemé de seulement une dizaine d’arbres, et encore, rassemblé autour du grand Lac d’Eté. Ses bottes improvisées commençaient à montrer sa peau rouge par endroit, des bouts de tissus traînaient au sol entravant sa marche et sa peau luisait au soleil, transpirant le peu d’eau qui lui restait, et en vérité, elle n’aurait pu accomplir une lieue de plus sans souffrir la plaie, voire pire la gangrène.

Elle tomba à genoux…les yeux fermés pour mieux tenir la soif…la gorge ouverte avide de la moindre humidité…même son nez lui faisait mal, car la chaleur combinait à la soif l’avait asséché. Elle prit dans ses mains une poignée de terre qu’elle serra de sa faible force, peut-être en espérant rafraîchir ses mains.

Elle s’effondra ,face contre terre, au sol.


***

Ce qui allait devenir un bout de l’armée s’était enfin tant bien que mal assemblé sur la plaine après avoir franchi les (petites) murailles de la capitale.

A ce qu’on pourrait appeler le centre, se tenait le roi, et une grande tente avait été dressé à la hâte.

Tout le monde attendait, trépignait, essayait de mieux voir ces grands personnages, on pouvait distinguer par exemple le beau prince Philipos ou la princesse royale Sesothia, la fameuse vierge de fer comme on l’appelait !

La cavalerie d’élite de la garde, qui devait se compter à 20 personnages, se tenait fier et droit en rang, on fit donner des ordres pour disposer derrière cette même cavalerie le reste de l’armée, classé par spécialité.

Après quelques dizaines de minutes, cela fut fait en ordre et en beauté.

Le cortège royal se mit soudain en route, et passa en revue les rangs, zigzaguant entre les soldats (ou femmes soldats) fiers et bien dressés, à cheval ou à pied, en armure ou en vêtement.

Lorsque le roi arriva au niveau du régiment de Pol, celui-ci se tenait bien droit l’épée dressait contre lui en signe de soumission, et regardant face à lui.

Lorsque le roi passa devant son regard…et le regarda un instant, il éprouva un vrai embrasement intérieur, il se dit qu’il donnerait sa vie pour mourir, dusse-t-il mourir mille fois.
Ce regard de flamme avait pénétré son cœur, et lui avait donné le désir ardent de combattre.
Pourtant Pol se sentait mal à l’aise : il avait soif.
La même odeur âcre qu’il ressentait dans la ville, venait au plus profond de sa gorge, elle s’intensifiait de seconde seconde.
Cette sécheresse âcre devenait presque perceptible, et le roi serrait la main à son cou, comme victime d’un malaise.

Pourtant, personne n’avait fait de remarques à ce propos, comme si les esprits eux-mêmes étaient sous le joug d’une force qui les asséchait.

C’est à ce moment qu’apparu le dragon.

***

Velia avait tout de suite aperçu la bête…elle était majestueuse de ses trente pieds de longs (10 mètres environ) et ses grandes ailes déployaient qu’elle battait avec vigueur pour se maintenir au dessus de cette armée. Elle se trouvait à environ 200 pieds d’elle.


Certains soldats s’étaient agenouillés, prostrés dans cette peur suprême : la terreur.

Le peuple lui non plus ne bougeait pas, personne ne semblait prendre la fuite, tous semblèrent attendre de se faire brûler sur place, on aurait même dit qu’ils en avaient le désir.

Pendant un moment Velia fut entraîné par cette magie et ne fit rien, comme tout le monde.

La bête recouvrait le roi et ses destriers de son ombre, et la chaleur, qui pourtant n’était point ardent, mais surtout sèche, avait déjà décoloré la plume de l’escorte royale. Ses yeux maléfiques clignaient et luisaient de vermeille ; on aurait dit ceux d’un méchant homme, accompagné de la malignité du loup qui vous mord la main.

Soudain, cette terreur chez Velia fit place à un sentiment de danger, un danger imminent .
Elle arma son arc. Chercha désespérément une flèche de son carquois, puis une lueur d’intelligence guida son geste, et elle se servit chez la voisine d’en face qui présentait son beau carquois face à elle.

Une femme dressée seule devant ce dragon immense, armant une flèche dans son arc.

Le dragon aussi sentait l’adversaire, il détourna son attention du roi, cligna une fois de ses lourdes paupières métalliques, et attendait en silence (hormis le bruissement de ses ailes) l’affrontement.
Et comme pour en signaler le début, il leva la gueule en l’air et cracha un feu ardent que nul de vivant en les terres d’étés n’avait jamais vu.
Le feu écarlate, ne produisit aucune cendre, car bien qu’étant un dragon mineur, il était d’espèce noble, et son feu était aussi pur que l’était la babiole de Shynerth.
Puis il rabaissa la tête et attendit la repartie de Velia.
Car les dragons étaient loin d’être des animaux, ils étaient intelligents, mais ne fonctionnaient pas comme l’homme, voilà tout.

Mais le pire n’était pas ce feu d’airain qui aurait pu faire fondre n’importe quel guerrier empaqueté, non, le pire ce fut le cri terrifiant et inhumain qu’il poussa.
A ce bruit, qu’on ne pourrait en aucun cas appeler musique, tout les hommes (et femmes) eurent un malaise au cœur, et ils sentirent leurs aspirations, et leurs souhait de défendre Nestisis , comme si ils craignaient non pas pour leurs vies, mais pour leur foyers et familles.

Sur toute la plaine ( et même à vue du dragon tout simplement), les gens se baissèrent encore plus , si c’était possible, posant la main sur leur tête, et tremblant de tout leur .membre .
Les cavaliers virent leurs cheval s’ébrouer, et certains même tombèrent encore suspendu par l’étrier.
Le roi quant à lui était resté calme, et attendait la suite des événements ; il maintint de ses jambes –et surtout de sa volonté- le coursier royal en place.

On a souvent dit qu’on ne pouvait percer un dragon d’une flèche ou perçait son flanc d’une simple épée.
C’était vrai.
Mais on disait souvent aussi que le point faible d’un dragon, c’était ses yeux.
C’était tout aussi vrai.

Velia tendit la corde…son œil derrière la flèche, elle la guiderait au but…puis décocha la flèche mortelle.

Flèche qui atteignit irrémédiablement son but : le dragon fut agité soudain de soubresauts, il se débattit violemment, son cou partant dans tout les sens, et ses petites cornes faisant de dangereux mouvements, ses ailes ayant cessé de battre, il allait s’écraser au sol pitoyablement, museau en premier.

Il tomba peu à côté du chambellan, et du même coup la vie du dragon s’éteignant, l’impression de soif –purement illusoire- atroce se dissipa tout aussi vite que le vent.

Tous soudain sortit de l’enchantement dont ils semblaient avoir été victimes, et poussèrent des hourras en regardant Velia : la flamme du courage était ranimé en leur cœur. On fit un large cercle respectueux autour d’elle en vénération, et ses compagnons avec qui elle avait passé sa vie la regardait sous un autre jour : elle était une héroïne.

Ils étaient toujours par terre, mais au lieu de regarder le sol, il regardait Velia et se levait et se recouchait pour manifester leur admiration.

Le roi même sembla la regarda d’un air bienfaisant, et avança à petits trots la bride à la main.
Le silence se fit aussi vite qu’il s’en était levé, et le spectacle étrange de 50000 hommes (et quelques archères)au sol, et quelques cavaliers, devant une jolie femme aurait pu faire un beau tableau, surtout pour les amazones.

Mettant pied à terre sans se prendre les pieds, il s’avança d’un air respectueux vers Velia.
Il se pencha, posant genoux contre terre, il se pencha si près qu’il aurait pu lui baiser le genoux, et on aurait pu croire à moins d’être devant même ce petit vieillard, qu’il était dans une profonde attitude de recueillement, voire de soumission.

En réalité il lui murmurait doucement quelques mots mais d’une voix assez forte pour que Velia l’entendit, on aurait plutôt dit marmonnait, tellement il serrait les dents.
« Je vais vous adouber, dites des paroles de circonstances. »
Quel est votre nom ? »
Et du même ton de confidentialité elle lui dit tout bas « Velia »
Puis le monarque se leva, et d’une voix sonore et claire, malgré son vieil âge et sa vieillesse, il dit regardant plutôt la foue, comme pour souligner la solennité publique du moment, Velia s’étant agenouillée :

Le silence était déjà présent, mais s’il fut possible que ce fut encore plus silencieux, on porta ce même silence encore plus loin dans sa profondeur, et il semblerait à un observateur inconnu que des statues étaient là , écoutant de leur âme ces deux héros.

« Moi, Roi de Nestisis, Erodeth ( le roi prononçait très rarement son nom ), je fais aujourd’hui l’archère Velia chevalière servante du roi ! »
La foule poussa des cris de victoires, scanda tantôt le nom Erodeth, tantôt Velia, et en dépit que l’adoubement n’en était pas fini, ne se tut point.

Et on lui apporta une épée pour adouber Velia.

***
Pol avait assisté à la scène d’assez loin, au vu que les guerriers et les archers se haïssait cordialement au vu d’une longue inimité et rivalité comme se livre les mages et les guerriers.
Mais au nom de Velia il y porta plus d’attention – l’endroit où il se trouvait ne permettait que de voir vaguement les silhouettes.
Quoi ? Velia ? cette petite qui était presque nue hier ? Encapuchonnée comme une vieille femme en hiver ?
A bien y regarder, il croyait reconnaître sa silhouette, les formes, les cheveux blonds. Il l’espérait tellement la reconnaître qu’il crut voir ses yeux bleues, ce qui était bien sûr impossible. (à moins d’être une créature magique)

Des serviteurs amenèrent une grande épée au roi, c’était la sienne, celle qu’il porterait au combat : la grande et puissante lame elfique Oldareth ( d’après le roi, ce qui voulait dire la lame purificatrice). Forgé du temps où les elfes existaient encore, on dit qu’on avait utilisé le souffle d’un dragon comme feu de forge. La lourde épée fut tendue avec déférence au roi, que celui-ci prit facilement et la fit tournoyer pour montrer à tous la force du vieux.
La garde de l’épée était en bronze, sertis de feuilles d’or, le pommeau était un diamant de taille moyenne, et la lame de l’épée elle-même était du pur mithril enchantés selon des runes elfiques anciennes.

Même si des lames de ce genre n’était pas la main mise du soldat, il devait en exister une dizaine de cette qualité en la terre d’été ; ce qui n’en faisait pas une arme absolue.

Le roi leva sa lame, et l’abaissa par deux fois touchant très délicatement les épaules de Velia, et la fit officiellement chevalier servant de la couronne.

Nul ne se demandait pourquoi le roi avait agi ainsi, on ne s’étonnait plus de rien depuis que la guerre avait été déclaré, un dragon aperçu et une épée elfique dégainée.
Le royaume sentait qu’on entrait dans un âge nouveau, serais-ce le mal ou le bien du pays, cela est une autre question.

***

Si Gelbretar fut envoyé comme envoyé, c’était tout simplement qu’il était en faute en Sestisis : s’étant fait chassé de chez Velandir.

Néanmoins, il avait apporté une bonne quantité de renseignements, et surtout un capital, Velandir était faible, inoffensif.
On décida donc de le laisser en vie, et de confier la sale besogne à l’ennemi.

Les grands duc de Sestisis furent extrêmement désappointés de voir revenir vivant Gelbretar, et même furieux de voir qu’on lui avait arraché seulement le nez.

Espérant se trouver face à un roi faible, vieux et déclinant, voulant le pousser à la faute par toute les actions en traître effectuées, ce n’en était pas moins le contraire qui se passait, le vieillard du haut de sa sagesse avait réussit à prédire les gestes de Sestisis, et même à les incommoder tellement, qu’on avait envoyé un dragon en Nestisis, sans doute le début d’une longue série d’erreurs par la suite.

***

Gregior avait lui aussi assisté à la scène, mais de très loin, de si loin même, qu’il ne comprit le discours du roi, et encore moins le sens de cette cérémonie. Mais pourtant, il criait hourra avec la foule, le peuple, dont il faisait parti ; il criait hourra, parce que le dragon était mort, et que le roi faisait quelque chose de grand visiblement ; il criait hourra parce qu’il était barde, et que c’était dans ses cordes de participer voire de contribuer grandement à l’enthousiasme général.

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Mort-verte
Petit sorcier d'Angie - Barde, Crieur public - Apprenti des Arcanes - Univers : Ezar

Dernière mise à jour 20/09/01