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Chapitre
VII
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Bub fut reveillée à l’aube par Sélénia.
« Votre temps est venu. Vous devez quitter ce sanctuaire.
Votre compagnie m’a été agréable. »
Comme pour appuyer ses dires, elle l’invita à passer à
table.
Un petit déjeuner simple était servi : il consistait en
fruits diverses, du jus de fruits et en biscuits elfiques.
C’était à la fois bon et consistant, et ça fit le bonheur
de Bub.
Le déjeuner passé, la Dame l’emmena sur le perron.
« Avant de partir…Vous devez me donner quelque chose comme
à ma soeur. »
Bub réfléchit quelques instants. Elle ne remit aucunement
cette phrase en question, ce n’était pas un ordre, c’était
un fait, tout comme son départ.
Elle détacha de son cou son collier d’argent, et le remit
à la dame.
« C’est sans doute ça ? »
« Oui. Merci. Que les Lunes vous soient propices et les
festins somptueux » Elle répondit par l’adieu formel en
vigueur chez les elfes par le passé.
« Ah…j’oubliais. Votre sac »
Elle lui tendit le petit sac que Yoreth lui avait offert, et
d’un gracieux sourire lui précisa
« Il est un peu plus lourd…j’ai rajouté des vivres…et
une petite surprise. Votre voyage est encore long…bien plus
long que vous ne pensez ! »
« Les montagnes… »
« …sont bien loin. Mais ce n’est pas le vrai but de votre
voyage. Nous nous reverrons, et peut-être en saurez-vous
plus. »
Elle conclut la discussion en lui faisant dos, et regagna sa
demeure.
Bub curieuse de savoir quel cadeau lui avait fait l’elfe
ouvrit son sac, et après quelques petites et courtes
fouilles, en extirpa une paire de bottes.
Elle semblait tout à fait ordinaire, et Bub pensait qu’elle
devait sans doute-être magique, et ne plus résonner sur
cette horrible plaine.
Elle les mis donc, laissant de côtés ses chaussons de
feuilles, et à sa surprise, elles n’eurent pas l’effet
escompté.
Non seulement elles n’étaient pas magiques, mais elles résonnaient
encore plus que ces précédents souliers.
Elle troqua donc ces bottes de cuir contre ces feuilles, et
rangea le cadeau de la Dame au fond de son sac, bien à
l’abri, comme quelque chose qu’on pensait inutile, mais à
quoi on tenait.
Puis enfin, elle eut un dernier regard vers la maison, et
regardant les montagnes qui se trouvait à sa droite, se mit
à courir lentement en cette direction, toujours l’appel
retentissant et grandissant au fond de son cœur.
***
Les cors ce matin là sonnèrent forts et longtemps pour
essayer de réveiller la masse informe qu’était le camp.
Le roi sortit déjà éveillé de la tente royale : à son âge
on ne dormait que très peu.
Il demanda qu’on rassemblât les hommes devant le camp, et
signala qu’on allait bientôt se mettre en route.
Avec une rapidité étonnante, et sans trop de mouvements
chaotiques, le camp fut plié en moins d’une heure, et les
hommes tous présents dans les minutes qui suivirent.
Le roi impatient attendait sur son trône de « voyage », et
il remuait des doigts en attendant les retardataires. Il était
plus vigoureux que jamais.
IL est sûr que réunir une armée de 50000 hommes inexpérimentés
en un tour de main (ou de cor) ne pouvait se faire aussi
simplement, et force était d’attendre à tous.
Le roi, ayant face à lui une assistance peu réveillée, si
ce n’est hagarde, tapa plusieurs fois de son épée sur le
sol, bien que cela fisse peu de bruit, les pierreries et la
lame luisante au soleil furent d’un plus belle effet, si
bien qu’il put captiver leur attention à son souhait
pendant quelques instants.
Le roi commença un discours d’une voix forte, et d’aucun
de l’assemblée n’y vit un vieux vieillard chevrotant,
mais un fier général de guerre qui emmène ses forces au
combat, lui en tête.
Personne ne fut impressionné, car ils semblaient s’être
fait à cela.
« Nous partons sur l’heure vers la plaine de Melbereth.
Notre première étape est la capitale du duché où nous
trouverons là provisions.
Nous partons sur l’heure, nous y arriverons ce soir.
Le lendemain nous irons rejoindre la plaine, et dans trois
jours nous serons arrivés face à l’armée adverse.
Je compte sur vous. »
Le discours était sec, mais concis, et il relatait le point
essentiel aux hommes : l’itinéraire en question, et sa durée.
Les hommes se mirent en marche, et étrangement l’habitude
du travail qu’ils fussent fermier, artisan ou marchand leur
permirent de ne pas trop perdre de temps à s’attribuer les
tâches.
Velia comme les autres partait, et commençait à préparer
les effets de la princesse royale au voyage. Ne trouvant point
la princesse, elle se rendit à sa carriole, où on avait déjà
attelé quelques chevaux robustes.
Des rideaux masquaient les portes, et entrant sans demander
permission, elle tomba sur une princesse en larmes.
Celle-ci pleurait dans sa robe noire, et on ne pouvait
vraiment distinguer son visage, tellement elle le dissimulait
de honte.
C’est à peine si elle remarqua l’entrée de sa haras.
Enfin, finalement lorsque celle-ci s’assit en face d’elle,
et ferma la porte, elle se retourna vers Velia, et les yeux
rouges de larmes, encore larmoyants, elle lui dit.
C’était une Velia méconnaissable qui s’était assise,
calme et digne, silencieuse et surtout, non si gaie que
d’ordinaire.
De longues années passait dans un camp de femmes ne pouvait
vous épargner des scènes comme cela, et elle en avait
l’habitude, si bien qu’elle sût exactement quoi faire.
« Qu’est ce que vous faites ici ? »
« Je suis entré mon altesse »
« Qui vous en a donné le droit ? » Elle essayait vainement
de paraître sévère et stricte.
« Ma princesse…je suis votre haras, et je dois veiller sur
vous, … »
Elle s’arrêta, semblant chercher une phrase de
circonstances.
« Aussi bien vous protéger des lames que vous réconforter
dans le malheur »
« Oui peut-être… » Elle se tut.
Sans qu’elle s’en rendit compte, Velia lui inspirait une
confiance extrême, et comme une confidente elle lui confia
ses déboires.
« JE suis si triste… »
« Toujours ce meurtre ma princesse ? »
« Non…je l’aime et…notre amour est impossible »
« Pourquoi donc ma princesse ? »
« C’est contre les coutumes…la loi…le roi…le règlement.
»
Velia lui prit les mains, et la regardât bien dans les yeux
d’un air compatissant.
« Vous savez ce que j’en dis moi des règlements ? Vivez
l’instant présent ! »
Et elle eut un drôle de sourire.
Si bien que toute cette mise en scéne, ce cœur ouvert à ces
confidences avait fini par préparer logiquement la princesse
royale à ces paroles, et elle les prit comme un réconfort.
« Merci…merci » murmura-t-elle.
« Bien…je vois que j’ai pu vous aider. Je vais vous
laisser. Au revoir votre altesse »
Elle s’inclina autant que lui permettait l’espace réduit
entre les siéges, et un sourire radieux lui illuminait le
visage, en même temps que les lignes soucieuses qui barraient
le front de la princesse s’étaient estompées.
***
Un curieux changement intervint chez la princesse. Pour la
première fois de son existence, elle désobéirai au roi, du
moins à ses coutumes.
Elle trouvait cela excitant.
***
Si Velia a été élevée dans une maison simplement composés
de filles, c’est qu’en général garçons et filles sont séparés
durant l’apprentissage.
Il ne faut pas néanmoins croire que tout les archers sont des
femmes, loin de là, les hommes étaient comme partout
ailleurs à la guerre, en supériorité numérique.
La proportion était environ de une femme pour deux hommes, si
bien que Velia en rendant visite à ces amies s’étonna du
nombre fort élevés d’hommes qui les accompagnaient dans la
garde de la princesse.
Elle se composait de 30 personnes, et 6 en était archers,
elle était la seule femme.
Pour l’instant la garde s’affairait à côté de la
voiture de la princesse à finir les bagages, et il y avait là
comme chez la garde de Pol quelques bibelots qui parsemaient
le sol.
Elle entreprit donc de discuter avec eux en faisant les préparatifs
du départ.
« Bonjour… » Elle ne savait pas quoi dire, elle ressentait
comme un malaise face à ces hommes.
« Bonjour Ma Haras . » Entonnèrent les six voix, pourtant,
nulle raillerie ne perçait dans leurs voix
« Comment va aujourd’hui ? »
L’un des archers se leva, il semblait le plus expérimenté,
et sa barbe blanchissante commençait à attester de son âge.
« Madame. Nous nous sommes levés au sonner du Cor. Nous
avons pris une collation frugale composée de fruits. Ensuite,
nous avons écouté le roi. Puis enfin, nous avons pliés
notre tente, et l’avons remise à l’intendance royale.
Actuellement nous sommes en train de ranger nos flèches pour
qu’elles prennent le moins de place possible. »
Cet air martial, ce rapport d’un semblant militaire, fit
frissonner Velia.
« Il faudra décidément qu’on change cela… »
« Quoi donc madame ? »
« Arrête de m’appeler madame. Je ne suis pas mariée, et
je ne suis encore moins ton haras. Je suis Velia, haras de la
princesse royale.
A partir de maintenant, tu m’appelleras Velia, (elle éleva
légérement la voix) ainsi que tout le monde ici compris ? »
« Oui…Velia » Fit le garde hésitant. Cela lui était étrange.
On lui avait toujours appris à respecter son chef, fusse-t-il
jeune, vieux, femme ou homme, borné ou stupide, en commençant
tout simplement par les marques protocolaires classiques de
pure politesse.
« Votre nom ? »
« Veniol. » Il se retint d’ajouter madame, cependant il ne
dit pas Velia.
« Bien Veniol. Je vais te laisser, toi et tes compagnons…Je
dois finir mes bagages et…aller avec la princesse»
Elle leur tourna le dos, et sa cape fouetta l’air au
passage, faisant un petit courant d’air.
Ils étaient tout simplement impressionnés.
« Elle a de l’autorité la haras moi je dis ! »
« Velia ! »
Ils se turent tous réfléchissant à ce premier chamboulement
de la routine. Jusqu’à présent, Velia avait à proprement
parler rien fait dans sa garde, imposé aucun ordre, discuter
avec aucune personne.
Ils avaient l’impression que ça allait changer.
Sans doute en bien pensèrent-ils tous autant qu’ils étaient
là, sur ce petit bout de plaine. Mais personne n’exprima sa
pensée.
***
Le sang était encore visible lorsque apparut l’envoyé du
duché. Les traces du massacre était visible partout, des débris
des maisons aux corps (qui heureusement avait été recouvert
d’un drap blanc un brin pudique), on ne pouvait pas
l’oublier.
Un nombre assez important de villageois était présent, et
pour une fois, ils n’étaient pas aller entretenir leurs
champs, et avaient manqués à la rigoureuse discipline
Melberethienne.
Ils gesticulaient dans tout les sens, criaient au démon, aux
loups, à la malédiction, certains même parlaient de magie
noire, mais seulement à voie basse, comme s’ils craignaient
d’attirer sur eux le courroux du destin.
L’envoyé était habillé de simples habits de toiles, et la
seule chose qui le distinguait des autres, c’était une
insigne cousue à sa veste : c’était un petit dessin, un épi.
Elle voulait dire : contremaître.
Il écouta gentiment les paysans, en gardant toujours cet air
froid, inquisiteur, imperturbable, et ses yeux cillaient sans
cesse allant d’endroit en endroit.
Ensuite, il commença par demander à la populace de se
disperser, puis examina le sol en se penchant de près,
cherchant là quelques traces crédibles.
Il n’avait pas plus ces derniers jours. Il ne pleut pas très
souvent en la terre d’été.
Hélas pour l’envoyé, aucune trace apparaissait, si ce
n’est plutôt un vague conglomérat de traces, la majeure
partie laissée par ces paysans, qui ont sans doute effacé
les plus intéressantes.
Il inspecta les décombres, à la recherche de quelques traces
de loup ou de démon, mais ne trouva rien de particulièrement
édifiant, si ce n’est une peau de Loup Blanc, sans doute un
quelconque trophée de famille, mais hélas à moitié brûlée
par le feu.
Enfin, il entreprit de soulever ces draps impudiques…Et
remarqua un détail que personne n’avait alors remarqué.
Il y avait une flèche. Une flèche de bois à tête de fer à
en juger la blessure profonde. Si profonde qu’on ne voyait dépasser
la queue, toute simple, nue dans le bois.
Par quelques pressentiments heureux, l’envoyé ordonna à un
coursier (les chevaux rapides n’étaient pas monnaie
courante, mais on en utilisait pas moins des chevaux) de prévenir
le duc que des bandits tout au moins arpentaient ces terres en
toute impunité.
Il contempla les décombres, les cadavres au sol, et lui,
connut pour être un contremaître si droit, un employé si
fidèle, ayant vraiment son travail à cœur, lui sous les
yeux des paysans éberlués, s’assis au sol et se mit à
pleurer comme un enfant.
La guerre commençait déjà à hanter le peuple.
***
Après le discours du roi, c’était un Pol fatigué, mais néanmoins
sûr de ce qu’il devait faire, qui réunit la première
garde (les hommes qui combattraient en première ligne), tous
aussi fatigué.
On vérifia bien avoir le nécessaire, et non emporter le
superflu, si bien qu’après quelques minutes, il y avait déjà
au sol un certains nombres de bibelots : une assiette, des vêtements,
du savon, enfin bref, toute sortes de choses.
Grégior étrangement avait demandé à se joindre à ce
groupe lors de son réveil (en même temps que les cors) alors
que c’était là l’endroit où on pouvait mourir le plus
facilement, mais ne semblait plus si triste, il faisait des
plaisanteries bon train en bouclant sa maigre besace, et
portait à l’attention de tous sa côte de mailles.
Pol ordonna la mise en formation, et bien qu’ils n’étaient
qu’un vague groupe de gens, ils étaient les seuls à avoir
fait ainsi.
On pouvait compter là une petite centaine d’hommes, dont
vraiment aucun professionnel, en général des artisans de la
ville, parfois un ou deux fermiers.
La particularité de ce groupe, c’est qu’il n’y avait
nulle femme, car il existait bien des femmes qui portaient,
environ une pour vingt hommes guerriers, mais aucune femme ne
s’était porté volontaire pour la découpe du dragon.
Il y avait aussi nul archer, car ce groupe était un groupe de
front, et on ne mettait jamais les archers en première ligne.
Car Pol y avait tenu. Même si on était encore loin de
l’ennemi, si personne encore n’avait fait de même que
lui, il voulait défiler en armes devant son roi, et en tête
de l’armée, comme pour réchauffer leurs cœurs.
Et il est vrai qu’avec leurs armures recouvertes dont le
plastron se voyait entouré d’un bande de tissu gris (la
couleur de l’armée Nestisienne), leurs fourreaux fièrement
ceints à la ceinture, les haches tenus droites et hautes, la
plume du roi fière dressé sur leurs heaumes, ils faisaient
fière allure, et émerveillait quelques un devant cette
discipline.
Enfin on se mit en marche.
***
La course était fatigante, et le sol tremblant n’ajoutait
en rien à la facilité du voyage. Toutefois, elle croyait
avec espoir que les montagnes s’étaient rapprochés, et en
effet, après une heure de légère course, Bub avait
parcourue 10 kilomètres.
C’était toujours le même paysage , et comme seul être
vivant, Bub avait seulement aperçu deux ou trois scorpions
qu’elle avait prudemment évité.
Seulement une petite lueur d'espoir lui apparaissait à
quelques kilomètres :
L’orée verte de la plaine occidentale de Melbereth s’avançait
enfin, et le lac de Grive un peu plus loin, bien qu'hors de
vue encore.
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Mort-verte
Petit sorcier d'Angie - Barde, Crieur
public - Apprenti des Arcanes - Univers :
Ezar
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Dernière
mise à jour 20/09/01
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