*une très longue note accroché sur une colonne entière
du mur de la taverne*
- je ferais peu cas de votre breuvage, princesse, et eut-il en
être nécessaire que je ne le prendrais pas !
C'est en ces mots dans une tournure bien particulière qui
disait-il, donnait du piquant, que le bon Roy de Nestisis
accueillit la plus belle dame du royaume, la princesse royale.
Le roi était comme toujours d'humeur fort excréable, et il
s'exprimait du ton sénile de ces vieillards qui -au comble du
malheur- ne trouve bon qu'à s'en prendre à leur entourage.
-Voyons père, cessez vos minauderies et buvez de ce fait la
fiole que les druides m'ont si gentiment remis pour sa
gracieuse personne royale !
La fille contrastait énormément avec son père : tandis que
celui-ci était d'humeur acariâtre et ne cessait de geindre,
celle-ci était toujours ferme mais prévenante envers le beau
monde qui l'entourait. Mais toute bonne âme à son péché,
tout comme une fille bien élevée sorti fraîchement des
jupons de sa mère se dirige vers le regroupement de mâles le
plus proche -à savoir la taverne - la princesse jouait
l'insolente avec son père -pire encore, l'enfant gâté.
Nul homme ne pouvait résister à Sesothia, la grande
princesse royale, qui s'exprimait d'une voix douce et claire
malgré le sarcasme perçant dans sa voix.
Force fut admettre au roi sa défaite au bout d'une demi-heure
de joute verbale acharné avec sa favorite comme il l'appelait
parfois -ce qui était souvent sujet à plaisanterie de la
part de la cour.
Ainsi la potion lui fut administré malgré sa mauvaise humeur
et après gré de tempestements et surtout de reproches envers
sa fille qu'il accusait à tort d'être une "catin"
qui ne faisait que fréquenter les beaux prétendants fort
nombreux au demeurant mais bien souvent poliment éconduits
avant même d’entrer dans la salle du trône.
Surtout que sa fille avait le surnom fort coquasse de vierge
de fer malgré ces 25 bonnes années sans doute due à l'éducation
fort stricte qu'elle reçut en campagne en la personne du maître
d'armes du roi : messire Ihem . Ce qui on le verrat par la
suite, aura des conséquences fort fâcheuses sur les talents
de la fille à se jeter au cœur d'une bataille.
Si le roi trônait encore sur son trône à 93 ans, c'est
qu'il faisait preuve d'une vigueur exceptionnelle, et chose
assez courante chez les vieillards solitaires, d'une force de
caractère peu commune qui avait fait fuir bien plus d'un
ministre.
Mais il faut dire que le roi déclinait et avait une maladie
incurable : la lassitude de vivre plus communément appelé
vieillesse; et tout le monde -surtout les principaux intéressés
-murmurait à qui le trône, et surtout en quoi consisterais
l'épreuve.
Car la tradition voulait qu'en ce royaume , le Saint Père (le
roi) fixe une épreuve pour déterminer son héritier qui épousera
sa fille. Fort bien -voire trop- souvent, l'épreuve
consistait à qui occirais le dragon et en ramènerait le trésor
intégral qui consistait en quelques armes mythiques et
joailleries de fortune. Si le royaume était resté - malgré
cette épreuve purement méritoire- entre de bonnes mains, c'était
dû à l'ingéniosité du plus grand mage royal -feu
devrais-t-on écrire- Gorgonth qui forgea une pierre qu'on
nommait l'Oracle prédisait le malin qui sommeillerait dans le
maudit qui oserait toucher la pierre.
Nullement chagriné par la santé de son père envers de son
éducation royal, la princesse reprit le cours normal de sa
vie, à savoir paraître à la cour, bien qu’en réalité
elle ne cherchait que des amusements.
Ce qu'elle fit d'ailleurs après l'administration du remède
à son père.
De jours en jours le splendide château de Giretharth se
remplissait et on voyait sans cesse la basse cour emplie de
marchands tous vendant des étoffes fort belles et raffinés ,
des vins de qualités ainsi que des pierreries- tout cela au
prix fort évidemment.
Par contre à l'intérieur du château -fort lumineux de par
son éclairage magique - festoyait et apparaissait le beau
monde. Etrangement, à la mort du souverain, apparaissait de
plus en plus de comte qui n'avait point paru depuis longtemps,
de marquises et de leurs filles à marier, de duc qui comme
par enchantement venait en visite au roi et d'adorables
princesses qui folâtraient gaiement à travers la haute gente
mâle du royaume. Tous avait l'air de dire "J'aurais
quelque chose, croyais-moi". Tous envieux, ainsi les
princes venait obtenir une faveur du roi, les comtes des
princes, les vicomtes des comtes et ainsi de suite. Car tout
le monde sait que dans la noblesse on ne fait pas long feu
sans avoir de bonnes relations, et plus important encore -un
parent bien considéré qui saura placer le mot qu'il faudra
ou la phrase pour obtenir la carrière de vos rêves.
Car de tout temps, le plus grand jeu de la cour a toujours été
paraître, et surtout avoir. Si le peuple savait les coûts
exorbitants en pièces d'or que dépensait ces chevaliers tout
de plate vêtus et ses princesses aux épaules -il est vrai
adorable- nues pour bien paraître ne serait ce que pour bien
se coiffer, une révolution se lèverai sur l'heure et on
exigerait l'uniforme militaire pour tous -comme en temps de
guerre.
Ce fut donc en tapis rouge et robe de dentelle que la
princesse fit son entrée et de sa voix si sonore-mais non
forte- lança son salut
"La princesse royale vous salut !"
A l'accoutumée, tout les regards se tournèrent vers elle,
tout d'abord en égard de son rang, mais on pu remarquer dans
la salle une légère avance de mouvement des mâles, bien que
les plus jeunes attendaient déjà impatient l'introduction
par la princesse en devis des appartements royaux.
La princesse était tout simplement une merveille de la
nature. Son port royale lui conférait une assurance de reine,
sa robe dévoilait ses épaules charmantes et blanchâtres
comme de la porcelaine à nu et le décolleté classique
apparaissait devant, révélant une courbe harmonieuse au
niveau légèrement supérieur à la poitrine. Mais chose fort
insolente-ce qui était un trait fort apprécié de la
charmante personne royale-la princesse avait fait en sorte que
la robe révèle son ventre plat par un trou d'aération fort
commode et confortable par cette chaleur d'été. La princesse
d'ailleurs se plaisait à narguer de son ventre les ministres
et pire encore ses plus fervents courtisans.
C'était là des folies que pouvait se permettre les membres
royaux, tous aussi fantasques.
Mais le plus exquis atout de la personne royale était sa délicieuse
bouche. Ses lèvres se déplaçaient avec volubilité, et
quelque soit la voyelle, le mouvement en était jolie, que ce
soit dans un O où on voyait toute la blancheur de ses dents
ou bien dans un I lorsqu les lèvres s’étiraient et cédant
ainsi place aux fossettes si mignonne de la princesse. Le plus
ignoble était la moue extatique que faisait la princesse,
chevauchant la lèvre inférieure de sa lèvre supérieure,
dans une traînée folle de mâles.
Ainsi, la princesse se trouvait à la vue du cercles de rares
initiés dans la salle du trône ou dominait sur des marches
le siége royal assertis de pierreries classique dont tout
riche royaume avait en quantité suffisante pour s'offrir une
armée, et le cas échant corrompre l'ennemi.
Elle s'avança lentement à pas mesurés et réfléchis -comme
à son habitude - ce qui appris derechef aux courtisans que le
roi n'allait pas lâcher prise pour tout de suite - et salua
poliment le monde d'un simple "bonjour" plus
qu'informel que sincère et chaleureux. Par pure convenance
toujours elle s'avança saluer les princes et princesses, qui
se trouvait en demi-cercle autour du piedéstal du trône.
Seuls pouvaient accéder à la salle du trône les princes
propriétaires des 6 duchés entourant le septième : la
capitale royale, Golberath.
De droite à gauche, le prince Viktor de Cyrintha, Melkior de
Melbereth, la princesse Sofia de Teterath, Ilya de Venitia, le
prince Derek de Melistia, Hektor de Dereketh, et Phillipos, de
Falsira – tout fraîchement placé sur ses terres après le
décès de son père.
Si tout ce beau monde était réuni, c’était bien parce que
le roi les avait mandé, afin de discuter du blocus frontalier
avec Nestisis, qui semblait pourtant à tout le monde une
simple bagatelle.
La princesse s'avança dans le cercle et reprocha à Phillipos
son éloignement, intérieurement elle était folle de joie,
s'amuser était son but, et tout les moyens étaient bon, se
montraient insolentes avec les ministres sérieux ou donnaient
le baptême de feu à un jeune prince, tout cela lui
convenait, la distrayait, lui faisait passer le temps.
Le jeune prince se trouva contraint d'avancer, et s'offrit en
spectacle à la vue de tous qui savouraient secrètement ce
spectacle sans en connaître pourtant les raisons dans le cœur
de la princesse royale.
"Saviez-vous que mon illustre -et elle insistait ce mot,
que même une jeune bergère aurait pu en saisir le sarcasme-
père vous tenait en haute estime ? Il paraît que vous vous
êtes fort bien illustrer dans ce blocus frontalier »
Le blocus frontalier n’était qu’une simple broutille
entre royaume qui arrive si souvent, et qui en temps de paix
n’avait guère de réelles retombées, mais en temps de
guerre excitait encore bien plus les tensions.
Le prince rougit alors, et la princesse y prit plaisir, et se
gaussa dans cette satisfaction purement enfantine, mais
pourtant rien n'y paraîtrait, sinon une lueur dans ses yeux.
Tout autour, le cercle désapprouvait ce jeune inconvenant, se
demandait comment il avait pu être placé là, sans éducation,
encore pire que certains jeunes ducs – en général les
courtisans de nombreuses de leurs femmes qu’il ne pouvait
que désapprouver. Cependant, on se devait d’accepter
Phillipos en ce lieu, en égard à son titre, et parce que
c’était une vieille coutume.
Mais le prince plongea ses yeux dans ceux de la princesse et y
remarqua cette lueur .Car on peut être fort ignorant –ou
tout simplement non nécessiteux de les apprendre- de ces manières
dépravés et stupides de la cour, et fort intelligent. Il fit
exprès, en sachant que la princesse l'inviterait encore plus
souvent, de s'empourprer encore plus, et même -comble de la
honte- de bafouiller en Sa présence. Et il répondit d'un
regard malicieux à la princesse, que seuls eux deux partagèrent.
Il s’inclina donc, fort confus, et s’excusa prétextant
une affaire urgente et prit congé des personnes présentes.
C'est ainsi que se liait deux personnes qui jouerait un fort rôle
dans les sombres temps qui allait s'abattre sur le royaume,
d'un simple regard, ils comprirent tout deux qu'ils se
comprenaient et ainsi fut décrété le destin des deux amis,
et personne ne comprit pourquoi, mais le prince Phillipos fut
invité le lendemain, et encore le surlendemain, toujours et
dans l'unique but -incompris- de distraire la princesse
royale.
***
« Espèce de saleté va ! Mais où on t’as appris à cirer
une chaussure ! dehors et plus vite ! »
Le grand mage royal mettait hors de sa tour son cireur de
chaussures personnels d’un coup de pied bien placé –alors
qu’une boule de feu aurait mieux fait son œuvre- et cela
parce qu’il avait oublié de chausser ses bottes ce matin-là.
Tout aussi fantasque que la famille royale, et agréable que
son frère, le roi ; Velandir, loin de se contenter de son
occupation, de sa tour de mage gigantesque qui dominait le
palais du haut de ses 47 étages, loin de se contenter de ses
serviteurs dévoués à chaque tâche, loin de se contenter
d’être le mage le plus puissant du royaume, donc loin de
tout cela, Velandir était encore moins sociable que le Roi.
Peut-être était-il légèrement déçu, désappointé
d’avoir vu la succession lui échappait, tout cela parce
qu’il était plus jeune de quelques années.
Ce mage étrange, qui avait besoin d’un « polisseur de
dents » en vertu de sa puissante magie, se complaisait dans
sa tour à diriger son petit monde, jaloux du roi, de la
sublime reine, plus encore de sa fille, de ses vautours
courtisans, de ses 3000 serviteurs, du paysan qui criait
hourra au passage du roi, de la sainte création, en bref de
tout si ce n’est de lui.
Fort mal vu par tout ses collègues, et tout les ordres du
royaume, il n’aimait que fort peu faire usage de la magie,
et lors de l’histoire du blocus frontalier avec le royaume
extérieur de Senestis, alors que le roi lui demandait de
bloquer la grande route, il eut répondit tout simplement que
l’armée était là pour ça, qu’il était un mage royal,
lui, et qu’il ne voulait pas être dérangé, surtout
qu’il était en pleine recherche sur un sort majeur qui
pourra peut-être sauvé le monde de la destruction et du
chaos.
Bien qu’en réalité, il était vraiment à la recherche
d’un sort pareil, d’une simple incantation, il aurait pu
ébouler suffisamment de pierres et incanter une barrière
magique pour donner bien du fil à retordre au mage adverse,
bien moins doué que lui.
« Satané peuple »
Bougonnant à tort et à travers, il regagna le chemin de sa
loge, et –comme par enchantement- ne put trouver aucun
domestique sur lesquels il pourrait passer sa rage.
La tour de mage présentait deux particularités.
Tout d’abord, haute de 47 étages, soit environ 100 mètres,
elle présentait un escalier unique, qui s’enroulait sur lui
même, s’accordait avec les différents éléments magiques
et le rendait donc invulnérable à toute magie.
Il faut dire que cet escalier datait de fort longtemps de même
que la tour, et on disait souvent qu’ils étaient là même
avant le premier homme sur la terre de Nestisis.
Car bien que son pouvoir fut grand, Velandir n’aurait jamais
pu concevoir pareille grandeur, encore moins pareille
prouesse.
Quelques jeunes mages audacieux disait de cet escalier qu’il
était un agrandissement de la structure du champ magique de
l’océane -cet armure tant réputé pour ses vertus
anti-magiques-, porté à la perfection, quoique personne ne
savait ce qu’il en découlait, encore bien moins les jeunes
mages eux-mêmes.
Tout au long de l’escalier, des espaces vides apparaissait
dans la rampe, où à la place apparaissait des passerelles de
verre menant aux différentes salles de l’édifice.
Grimpant l’escalier sans peine, malgré ses 70 ans passés,
Velandir entreprit l’escalade sans trop souffrir, ni
souffler le moins du monde.
Car on a beau être jaloux, mécontent, bafoué par sa famille
et encore plus le monde, on en est pas moins un mage puissant,
qui bénéficie donc d’une vie bien plus longue atteignant
sans théoriquement les 200 ans.
Hélas, il survenait toujours un accident fâcheux dans ce
parcours sinueux de la vie, et seul Meschremir le grand dépassa
le cap des 150 ans (153 exactement), sur quoi il trébucha bêtement
de ce si beau escalier, mais sans doute était-il trop las de
vivre pour se sauver d’une quelconque façon magique.
On raconte que dans le temps, dans ces temps obscurs qu’on
nomme temps des elfes, le temps des merveilles, le temps où
les dryades foulaient la terre en toute innocence, et bien en
ce temps, les magiciens savaient préserver la vie, et on
voyait bien les membres de la famille royale vivre des
centaines d’années, et seuls les guerres, les accidents
domestiques mettaient fin à leurs vies.
Mais hélas ce savoir s’est perdu au fil des âges, oublié
de tous, et surtout disparu dans les destructions et dégradation
que connaît tout le réceptacle dudit savoir, c’est à dire
les livres, et leurs auteurs, les mages eux-même.
Dans son cabinet au sommet de la tour, où l’escalier
aboutissait, et où l’accés se faisait par une petite
trappe, se trouvait un autre mage exceptionnelle : Shynerth.
Il était assis sur une des nombreuses chaises qui parcourait
les rangs de la bilbiothèque magique au cas où le lecteur
ressentirait le besoin de s’asseoir.
Les cheveux longs et bouclés, les yeux verts, il avait un air
qu’on attribuait d’ordinaire au gai ménestrel. Si ce
n’est excepté la longue saillie qui lui barrait le front,
montrant une profonde réflexion.
Assis sur la chaise dans sa robe de travail, Shynerth
examinait une pierre qui luisait étrangement.
C’était en fait un essai de reproduction de la matière de
ce fameux escalier, soutien de la tour, et disait-on de la
magie du royaume. Quoique le résultat n’eut pas le succès
escompté, la pierre était à vrai dire assez jolie, et
captivante.
Pourtant, loin de la lueur d’admiration, Shynerth la considérait
avec interêt, tout comme on examine un objet qu’on voudrait
acheter, en essayant de déceler ses imperfections, ses défauts
de fabrications, ses petites choses qui font la qualité et la
rareté.
Velandir considéra longtemps Shynerth en silence, qui , non
parce qu’il ne le daignait, mais parce qu’il ne le
pouvait, ne levait les yeux sur le mage royal, son maître.
Velandir hésitait intérieurement sur la conduite à adopter.
Fallait-il montrer la porte au jeune homme et lui criait
dessus ? Ou l’aidait dans ses recherches.
Car aussi étrange que cela puisse paraître, Velandir faisait
preuve à l’égard de son apprenti, une bienfaisance comme
en fait preuve un maître à son meilleur chien de chasse.
Le moment interminable se poursuivit un temps, Shynerth rompit
sa concentration -unique au monde- et leva ses yeux sur son maître.
« Fort jolie…Mais rien de ce qui nous interesse en ce
moment maître. On pourrait peut-être la vendre…ou bien la
monter sur un sceptre et l’enchanter. »
Shynerth avait pour tout ce qui était matériel un sentiment
qui ne leur accordait attention qu’à leur utilité
actuelle, et possible.
Tout en faisant tourner la pierre pour l’examiner, il la
montrait à Velandir, partageant ses connaissances.
La pierre était en fait une sphère, sans aucune rugosité,
ni aucune imperfection que ce soit un éclat à l’intérieur.
Elle ne présentait aucune imperfection, du moins à l’œil
nu. Parfaitement transparente, une douce lumière blanchâtre
émanait de l’intérieur, et sans que nul ne s’en
apercevait, on se sentait réconforté par cette présence
maternelle, presque divine. Son diamètre faisait environ la
largeur d’une paume de main, bien que celle de Shynerth ne
fut pas fort large, elle n’en était pas moins de belle
taille.
Velandir songea pendant quelques instants, et l’habituel
flux de pensées qui l’obsédait, pouvoir et jalousie, influérent
considérablement sur sa décision.
« On l’offrira à la princesse…
Je suis sûr qu’elle en sera fort charmée ! , il accentua
particulièrement la dernière partie, comme si des gens
autres que ces deux mages écoutaient pour leur dire ô
combien il appréciait à sa juste valeur la famille royale.
-Bien maître…Dommage…
Shynerth se leva, et après un soupir, son air montrait
hautement sa déception…encore une babiole sur une tête
couronnée semblait dire son air morne et déçu.
En réalité, la princesse n’a jamais porté de bijou, si ce
n’est sa couronne royale, et le collier de la princesse,
censé la protéger des attaques.
Shynerth ne l’apprendra que plus tard, la « babiole » sera
donné à une gens du peuple pour services rendus.
***
« Encore, encore, allez, plus fort, pousse ma petite ! »
« Montre nous ce que tu sais faire la grosse ! »
« Donne-leurs en pour leurs grains à ces matrones ! »
« Tu en verras encore d’autres ! c’est sûr qu’avec un
gars de classe A , ça doit y aller ! »
L’ambiance était à la bonne humeur ce soir, et nombreux
cris de joies, et railleries fusaient du petit monde qui
encerclait une petite maison.
L’objet de leur gaieté était une jeune fille qui
accouchait pour sa première fois, chose qui était fort
courante en ces temps, mais Melbereth n’en est pas moins un
duché comme les autres.
Il faut dire qu’en Melbereth, le duché où on travaillait
le plus dur, où il n’y avait que deux frugaux repas pas
jour, où il existait un strict code du travail pour tous, où
le grain abondait surtout, tout, absolument tout, était sujet
à distraction en dehors des heures de travail.
Au fil des années, les hommes ici ont développés un art de
vivre unique, nourrissant leurs familles, payant leurs
seigneurs, et agrémentant la taverne en fin de semaine de
leur présence.
Cette terre fertile se trouvait au nord-est de la capitale, et
faisait frontière avec le fameux royaume du blocus : Senestis.
La province formait une large étendue de plaines et de vastes
forêts, et était le grenier à blé du royaume. Mais non, en
dépit de ce qu’on pourrait croire, la réserve de bois du
royaume. Elle se trouvait dans le duché mitoyen par l’est :
Teterath. A l’ouest se trouvait le duché de Falsira, spécialisé
dans la pêche et la fabrication d’étoffes. On pouvait en
gros dire qu’elle formait une bande de 300 kilomètres ( le
côté attenant à la capitale et aux duchés et son côté
opposé attenant à Nestisis) sur 400 kilomètres.
La maison en question se trouvait à moins d’un kilomètre
de la frontière, et on pouvait d’ailleurs y admirer le pays
d’en face, et ses gigantesques montagnes, auréolées d’un
voile de poudre.
A l’intérieur de la maison se déroulait un de ces actes
mystérieux, de donner la vie, d’amener une flamme de plus
dans ces plaines fertiles et peuplées. En bref, on y mettait
au monde un enfant.
On avait mandé un peu plus tôt dans l’après midi deux
matrones, toutes deux ayant vécu nombre d’accouchements,
mais qui maintenant trop âgées pour en supporter d’autres,
jouaient le rôle de sage-femme.
La jeune Bub connaissait un événement unique. La fillette de
15 ans allait avoir un enfant, avoir droit enfin à une chaumière
séparé de celle de ses parents ( en Nestisis, les paysans ne
pouvaient avoir leur propre maison que s’ils pouvaient
l’acheter ou formaient une famille à part entière).
A côté d’elle se tenait son compagnon, Georges, lui
caressant ses cheveux blonds et bouclés, qui était dans
cette force unique de l’âge chez les mâles, attirant
toutes les jeunes femmes des environs, et atteignait la
vingtaine. Sa classe de rendement était A, la meilleure, et
il était capable à la force de ses bras de soulevait 5 fois
son poids, soit environ 5 gros sacs de grains (1 quintal le
sac).
Soudain au milieu de l’œuvre on entendit un bruit de sabot,
et au jugé du bruit…un vieillard , ancien forgeron, donnait
aux chevaux –car ils étaient trois ou quatre selon ses
dires- une fière prestance, une allure pressée. Il estimait
leurs distances à une barrière ( 213.5 m, cet unité était
souvent utilisé pour mesurer les champs). D’après lui, ils
étaient pressés, et n’étaient sans doute qu’en simple
excursion du soir, sans doute pour traverser leur domaine et
retrouver quelques parents ou assister à quelque conseil.
Notre homme se trompait du tout au tout, sauf en ce qui
concernait leur précipitation.
On en conclut donc que les seigneurs passaient par là, et
tout les paysans se rangeaient en ordre devant la maison,
classé par âge et par force, comme l’exige le règlement.
L’accouchement de toute façon était fini, et les deux
matrones avaient aussi rejoint la rangée des hommes, seuls
Bub et son enfant se reposaient à l’intérieur de la maisonée.
Contrairement à ce qu’on aurait pu pensé, il paraissait très
peu probable aux yeux des paysans
que des gens s’offraient une distraction.
Parce qu’en Melbereth tous travaillent, les seigneurs
administrent, supervisent et décident, les paysans
moissonnent, cultivent, récoltent, les bûcherons coupent et
transportent (bien que Melbereth ne soit pas le principal duché
en ce qui concerne le bois).
De cette discipline et de ces heures de travails ardus, résultait
une excellente moisson, et ce qui avait valu à Melbereth la
position capitale de grenier du royaume.
En Nestisis, chaque duché possédait une ou plusieurs spécialités.
Ce qui en temps de guerre était un inconvénient fort
important, permettait en temps de paix de resserrer les 6 duchés,
autour du septième qui bénéficiait d’un gigantesque marché
où produits de tout type s’échangeait, et où de longs
convois arrivait et repartait.
Ce qui expliquait l’intense activité dont faisait preuve la
capitale, nuit et jour, été et hiver.
En place de la promenade, ils préféraient la chasse, mais
surtout le combat à la hache où ils excellaient (l’arme
par excellence dans la noblesse était la hache, le guerrier
d’élite possédait une armure d’océane, deux haches :
une à lancer et une à frapper).
Néanmoins, même si Melbereth possédait d’excellents
combattants, ils étaient bien loin de rivaliser avec ceux du
duché militaire de Dekereth.
Bien loin d’être des seigneurs, du moins, des seigneurs en
ce pays, les trois seigneurs étaient en fait une horde de 20
cavaliers, leurs chevaux des chevaux entraînés à la discrétions,
et ferrés en conséquent avec du mithril.
S’il faudrait expliquer le pourquoi de la présence de ces
cavaliers, ce seraient tenté d’expliquer le pourquoi de la
présence du royaume, des hommes, et ainsi de suite. En bref,
ce n’étaient qu’une succession de situations et
circonstances (qu’on appelle aussi destin) qui nous avaient
amené là.
La maison où accouchaient Bub se trouvaient assez isolé,
comme toutes les maisons de paysans, et aucune âme ne
vivaient aux alentours dans un rayon de trois barrières . Aux
environs, ce n’étaient qu’une plaine plate, ce qui avait
expliqué que tous ai pu ces chevaux d’un type bien spécial.
En effet cette horde du cavalier était un détachement de
l’armée de Nestisis, et était en tout point conforme à
tout les autres détachements : elle comprenait quatre
archers, deux lourds guerriers tout en armures et armée de
grosses épées, deux mages, deux piquiers – tout ceux là
étaient consacrés à la défense du mage ,qui grâce à sa
force magique offrait un atout considérable, et à repousser
les attaquants. La partie offensive de trouvaient composé de
3 archers avec des arcs plus grand, plus long à charger, mais
plus précis, et tirant plus loin, et 7 hommes de main, armés
d’une épée et d’un bouclier ainsi qu’une d’une côte
de mailles.
L’uniforme de rigueur de l’armée de Sestisis était gris,
ornés de motifs bleues pour les hauts dignitaires sesitisiens.
Les mages de Nestisis étaient des spécialistes de l’élément
feu, et de l’élément terre, en somme, l’élément feu était
considéré comme vulgaire en ces temps-ci.
Car la magie se distinguait en deux choses : le concevoir et
le vouloir, l’imagination et la réalisation. Nombre de
mages ne restaient que de simples mages, parce qu’ils
n’arrivaient qu’à concevoir de simples flammes.
Tout aurait pu se passer autrement si seulement la horde avait
pris une barrière plus loin à gauche au lieu de passer par là.
On avait allumé de faibles torches pour se signaler, et il était
déjà trop tard pour reculer : lorsque ces torches magiques
furent allumés, on put voir aisément dans une ronde de 100 mètres,
et les cavaliers étaient déjà à portée de vue.
Georges, qui avait laissé sa femme selon les règles pour se
présenter, aperçut la drôle de compagnie, et reconnut au
loin les robes de mages. Tous furent très étonnés de cet
vision, quoiqu’en ayant déjà vu, ils n’avaient jamais
entendus parler de seigneurs en armes chevauchant côte à côte
avec des mages.
Cependant, ils ne bougèrent pas, subissant des siècles de
discipline et de règlements, ils attendaient arriver le
destin.
La horde n’avait pour objectif que de s’abreuver au lac
qui se trouvait à un kilomètre de là, et rejoindre ensuite
leur camp souterrain, à 5 kilomètres à l’intérieur du
royaume de Nestisis.
Comprenant vite leurs découvertes, et sachant le scrupule des
paysans à respecter le règlement, ils avaient compris que
leur visite ne passeraient pas inaperçus, ils se voyaient
donc réduit à une seule éventualité bien que fort
regrettable.
Les piquiers et les archers ainsi que les cavaliers, tous donc
hormis les deux lourds guerriers et les mages, se placèrent
en attaque –archers derrières, piquiers en couverture et
guerriers devant, tout cela par simple habitude- lames sorties
du fourreau, et lances pointés.
Les archers ne tirèrent pas un coup, car une flèche
attirerait des soupçons sur Sestisis.
C’est à ce moment que les paysans comprirent que quelque
chose n’allait pas, mais il était déjà trop tard, la
compagnie n’étaient plus qu’à 25 mètres, et malgré la
fuite des 19 paysans qui étaient là dans tout les sens, le
premier paysan s’écroula au sol après avoir été empalé.
Les deux matrones elle aussi étaient sorties, sauf Nub qui
attendait à l’intérieur, son enfant dans les bras : un
jeune garçon.
Les cavaliers tournaient en cercle autour de la maison et en
permettait à personne de s’en échapper.
Les cris fusérent, et personne n’entendit le massacre, seul
Nub écouta apeuré berçant son bébé dans les bras qui
hurlait à la mort.
Asikar, le capitaine de la horde, et homme de main, avait déjà
tué 6 paysans de sa lame toute en sang, et le massacre
terminait appella ses hommes devant la maison.
« Restez-là, je vais examiner la maisonnée. »
Le personnage en lui-même étaient assez sévère, il avait
le teint basané, comme la plupart des hommes de Sestisis,
plus exposés au soleil, et son regard noire reflétait une
tenacité propre à menait les hommes à la mort.
Poussant la porte avec précaution, il vit tout de suite apeuré
la jeune mère qui se trouvait sur un matelas grossier comme
possédait les paysans, et le bébé qui s’était endormi au
sein de la fille.
Il regarda un instant la fillette qui ne comprenait pas ce qui
se passait, qui ne découvrira qu’au lendemain l’horreur
de ce qui s’est passé, et qui déterminera sa vie.
La fillette n’oubliera jamais le regard de cet homme, noire
de jais, si dure, qu’elle faillit s’y heurter, si ferme,
qu’elle en était ébranlée.
Asikar ressortit, et fit signe à ces hommes que tout était
comme il fallait, et qu’on pouvait s’en aller.
IL contempla un instant les paysans, face contre terre, leur
terre si chéri au sol, les deux matrones qui avaient été
transpercés par les lances…et satisfait, l’air d’être
sûr que tout avait été fait correctement, remonta en selle.
Loin de s’inquiéter que son œuvre puisse être découverte,
Asikar par l’expérience connaissait les bêtes de Nestisis,
du moins de cette région, et savait que le Loup Morne, ce
grand loup, décharné et blanc, charognard surtout, feraient
son œuvre, et qu’on ne verra là rien d’autres que le
sang.
Car les gens n’aiment point avoir des idées, encore moins
de ceux qui leur déplaisent n’y verront qu’un pauvre
groupe de paysan, dévoré par les « bêtes ».
***
Il serait faux de dire que nul n’avait vu le massacre. Un
petit chien, trop terrorisé pour bouger, se trouvait plaqué
sous les planches de bois de l’entrée.
***
On déclara les 20 paysans disparus, laissant ainsi des
familles entières sans pères ou fils, et des exploitations
avec un bras manquant. On attribua –comme prévu par Asikar-la
chose à l’attaque féroce de Loups à l’approche de
l’hiver naissant.
***
Et tous ensemble continuèrent leur marche, les mages maugréant
n’avoir pu déchaîner leur courroux sur ces idiots qui
avaient osés troubler leur voyage.
La fillette s’endormit d’un sommeil sans rêve, car la réflexion
sur les événements de la soirée, ne lui était possible ni
dans son état de corps, ni dans son état d’âme.
Nul ne saura jamais ce qui a motivé en cet instant précis
Asikar.
C’était un de ces actes inexplicables qui fait partie de
l’histoire, et la modifie légèrement, un de ces actes
qu’on ne peut expliquer, ni déterminer, et dont aucun ménestrel
ne s’attardera dessus plus que le massacre qui venait de se
dérouler.
Mais à partir de ce moment, et nul d’autre moment, ni après,
ni avant, Asikar venait de sceller son destin…et sa mort.
***
« Holà tavernier, apporte nous donc à boire ! »
La nuit venait seulement de couvrir le pays, et la taverne était
déjà depuis longtemps remplie, car en la capitale, tout vit
tout le temps.
Le jeune menestrel Gregior venait souvent ici, et était un
habitué de l’endroit, un de ces hommes qui font partie de
la taverne comme un meuble ou une boisson. Il était assis à
une table situé au fond de la taverne, en compagnie d’une
sublime jeune fille et d’un vigoureux homme.
La taverne était en réalité l’endroit propices aux
rencontres et aux amitiés pour les jeunes étudiants de la
capitale. Ainsi autour de la table nous avions Gregior,
apprenti Menestrel, Velia, apprenti archère – et sublime
jeune fille dans la fine fleur de l’âge, Pol, écuyer dans
une école de guerrier.
Tous étaient joyeux d’enfin se reposer, de sentir en eux ce
sentiment de liberté, caractéristique aux étudiants en
promenade.
Pol semblait absorbé en pleine réfléxion, chose rare, bien
qu’elle concernât en fait quelque chose propre à tout les
hommes, surtout au sortir d’une école entièrement
masculine, à savoir séduire.
Gregior ne le semblait pas, mais il ne le faisait pas moins,
avec sa bonhomie joyeuse, ses rires au éclats, ses anecdotes
poignantes, sa manie de faire de grand geste, et son regard
ardent fixé sur Velia.
Ce regard…ce regard était de ceux qui abattait les
convenances et les barrières morales, que dresse les femmes
pour ne point marier trop vite leur fille ou pire encore,
compromettre son honneur.
Velia, elle, sentait inconsciemment la force de cette atmosphère,
elle se sentait l’objet de l’attention des deux hommes, et
en éprouvait une certaine fierté.
Elle était menue, habillé simplement de deux pièces de
tissus, d’une jupe et d’un léger gilet se finissant sur
un décolleté et découvrant le début de ses superbes épaules.
Ses bras nues luisait dans la taverne, et on voyait parfois
certains regards se tournaient. Ses rondeurs de jeune fille (Velia
faisait un peu moins de la vingtaine) et ses jolies fossettes
avait de quoi séduire, et son sourire doublé de son regard
aurait fait fondre le premier venu.
Gregior, en tant qu’homme expérimenté, se tenait assis
juste à côté de Velia, et passa une main sous sa table, la
posant fermement sur sa cuisse. Son air semblait dire, surtout
sa main, « je suis là, je ne partirais pas sans avoir mon dû
».
Velia eut d’abord un sourire gêné et ses joues
s’empourpraient de jolie façon, qu’elle n’en fut que
plus séduisante. Loin de se lever et de giffler cet homme,
elle accepta avec plaisir cette main, et posa la sienne
dessus.
Un grand maître de séduction disait que tout était dans le
regard.
Il suffisait de regarder Velia et Gregior pour s’en rendre
compte immédiatement : leur regard était brûlant, ardent et
tenaces.
Pendant ce temps de réflexion, Pol par un heureux hasard, vit
la chose, qui ne lui passa pas inaperçu.
Ce « bon garçon » à la carrure impressionnante ne pouvait
se laisser faire par ce minable de deuxième classe. Il ne fit
pas la même chose et cherchant la provocation, se déchaussa
de sa botte, et frotta son pied contre l’autre jambe de
Velia.
Velia s’empourpra encore plus, se rendant compte enfin de sa
situation, mais n’en accepta pas moins le jeu, et aguicha le
guerrier d’un regard qui le combla à le rosir, son petit
pied dont elle avait enlevé la légére sandale qui le
portait d’ordinaire sur les routes, donc mena la valse avec
le pied imposant du guerrier, caressant et frottant de côté
ou de flanc , dans le seul but de tourner la tête aux deux
garçons.
Car que bien que semblant une jeune petite vierge innocente,
Velia avait souvent fait ce manége, et le garçon amené à
l’étage, l’avait dépossédé de sa bourse mais non point
hélas pour le jeune inconvenant, de ses vêtements.
Quoiqu’une fois un homme marié légérement ivre l’avait
conduit en haut, mais ne sachant comment présenter la chose,
avait pretexté prendre un bain dans le tonneau de bois à cet
effet, et s’étant mis de dos, il était entré dans la pièce
du tonneau, se déshabillant, il avait jeté ces vêtements
dans la chambre.
Ce fut avec une farce assez conséquente que Velia emporta les
vêtements en laissant cet homme d’âge mur coincé dans la
taverne sans rien à se mettre sur le dos.
Ce fut alors que le tavernier apporta la consommation. Les
laquais arrivèrent et changèrent les bougies ( les bougies
magiques étaient interdites dans la capitale par souci
d’incendie) : la troisième heure du matin venait de passer.
***
Pendant que nos trois jeunes gens picoraient à la taverne,
Bub se levait péniblement. La scène la hantait, les cris
aussi, et pourtant, elle avait pris une résolution étrange
cette nuit-là. Elle posa son enfant sur le matelas, le
recouvrit de son châle et sortit dehors.
La nuit brillait par sa pureté ce soir, et le ciel était
d’un noir d’encre illuminé par quelques lueurs de compréhension,
qui donnait une atmosphère je-ne-sais-quoi envoûtante au
tableau :
Bub se tenait dehors se serrant légérement les bras aux
coups de vents frais qui venait lui caresser les bras
qu’elle avait légérement mat.
Elle n’était peut-être pas aussi séduisante que Velia,
mais n’en satisferait pas moins un bon mari. Son visage était
un peu plus dur, mais présentait une pureté tout autre, de
celle qui n’avait connu que la vie du travail et rien
d’autre. On voyait saillir son menton signe sans doute de
l’incident de la nuit, de cette goutte de sang sur une robe
de mariée, celui de la volonté ferme et tenace, doublé de
ce désir si particulier, qu’on voyait luire dans les yeux
bleus de la blonde paysanne.
Vêtu d’une longue robe, spécialement plus grande pour
faciliter les déplacements de la femme enceinte , elle rentra
un instant chercher quelque chose dans la maison.
L’ambiance était silencieuse…et des oreilles étaient aux
aguets, pas un oiseau ne volait, ni un loup ne hurlait.
Elle ressortit un poignard à la main, et de sa poche droite
grossièrement cousue extirpa la pierre d’âme.
Car en ce royaume, la pierre de destinée existait encore,
mais après la disparition des prêtres au fil des âges, elle
n’était plus que –disait-on – le reflet de l’âme.
Les hommes avaient oublié les dieux, et en payaient le prix
fort : l’angoisse plus grande de la mort.
Elle contempla un instant sa pierre d’âme, qui brillait étrangement,
un peu comme la babiole que Shynerth avait fabriqué.
Elle tendit son bras droit, la pierre à la main, et du gauche
prit le poignard. Agenouillée en signe de soumission, elle
regarda le sang qui avait coulé dans la terre, les larmes lui
apparaissaient à l’œil, mais elle ne savait pourquoi elle
devait le faire , c’était ainsi, encore un de ces moments
que l’Histoire ne connaîtra pas mais qui influe sur le
cours des événements. C’était un de ces événements dont
l’essence n’était que pressentie qu’après coup, indéfinissable
et filante, comme la douce magie.
Elle serra les dents. Nulle parole n’était nécessaire pour
le serment qu’elle exprima par tout ces mouvements, cette cérémonie.
S’il fut possible qu’il existât quelque chose de plus
silencieux que le silence, ce voile s’étendit à ce moment
sur la maison de Bub.
Le petit chien n’en avait pas moins bougé de sa cachette,
et de ses yeux fixera à jamais le rituel.
Enfin, visiblement le serment exprimé, le soulagement exprimé
par les larmes coulant sur ses joues, nettoyant un peu la
salissure qui s’y trouvait en faible quantité, elle se
coupa le bras, d’une entaille, lentement, et n’en
ressentit point la douleur car d’une part la coupure n’était
pas dramatique et d’autre part, elle ne pouvait ressentir la
douleur.
Le sang coula du bras et partit se fondre dans la terre.
On aurait dit d’un coup que tout semblait luire, la pierre
d’âme , les étoiles, le ciel, la maisonnée, les torches
magiques, et surtout le chien.
Le chien qui avait assisté à tout, qui était le témoin
garant, luisait tellement, qu’il se fonda en diamant.
Ce serait bien trop complexe à décrire, mais pour résumer
en quelques mots ce miracle, le chien luisait d’une telle
lumière, qu’il en devint cristallin, comme un diamant.
Mais loin d’être achevé, soudain il se pétrifia, se
changeant en pierre, pour ne jamais révéler le secret
qu’il possédait dans ses yeux terrifiés.
Elle leva la lame, et une nouvelle lueur était dans ses yeux,
peut-être celui du chien, peut-être celui des étoiles,
peut-être celui du feu, ou peut-être un peu de tout cela, ou
encore seulement une lueur qui reflétait son âme comme sa
pierre d’âme.
***
L’étrier traversait à toute vitesse les routes de la
capitale, et ne se souciait guère des passants. Son monteur
ne cessait de tirer la bride pour toujours avoir plus de
vitesse, encore et toujours. Ne prenant point les grandes
avenues fréquentés et encombrés, il passait toujours par
les traverses, manqua bien des fois d’écraser un passant,
de trèbucher sur un établi, ou encore pire, de se prendre
tout simplement une impasse.
Le coursier semblait poursuivi par l’enfer lui-même, et son
regard fatigué était pourtant emplie d’une lueur étrange,
celle de la terreur, celle qui transforme l’homme en animal
apeuré, celle qui fait que la fuite devient préférable à
l’offensive.
Malgré ses divers détours, sa direction semblait le château,
dressé sur la colline en plein cœur de la ville.
Arrivé au portail, il se trouva face à deux énormes
colosses humains : des gardes tout en mithril, qui lui bloquèrent
la route. Mais après avoir examiné un instant l’homme, qui
lui semblait littéralement pestait contre ces gardes qui le
retardait, il reconnurent Venis, l’envoyé de Cyrinthia, le
royaume qui se situait à l’est de la capitale, et faisait
front à la mer.
C’est pour cela que les gardes du château n’étaient pas
dans la garde royale, tout simplement parce qu’ils avaient
une mémoire hors du commun, et une intelligence bien plus que
supérieur à la normale.
Sans hésitation, et bafouillant, les gardes lui ouvrirent la
herse, posant leurs hallebardes au sol d’une main mal assurée.
D’ordinaire, même les envoyés doivent attendre avant
d’entrer dans le château, mais les gardes en voyant cette
homme comprirent tout de suite qu’un malheur s’était
produit, et nul rapport n’était avec l’intelligence, mais
tout simplement le bon sens.
L’envoyé se précipita au galop, renversant le page qui
accueille d’ordinaire les visiteurs de marque, et gravit
tout de suite la pente menant de la basse cour à la haute
cour, les gardes gardant la barrière les séparant ayant fait
de même, ouvrant la herse.
Arrivé enfin en haut, il se trouvait dans la cour supérieure,
pavé de dalles joliment décorés, d’arabesques de poudre
d’or, et de marbre noir ou blanc. La porte de bois qui séparait
le monde et lui comme se plaisait à le dire le roi
s’ouvrit, et on vit déambuler le chambellan royal, étonné
de le voir.
« Conduisez moi tout de suite au roi » dit péniblement
l’envoyé à l’arrêt, qui haletait de cette folle course
qui faisait en fait, dans les 20 lieues ( 1 lieu faisait
environ 8 kilomètres).
Un conseil fut dressé en cette heure tardive, et on mena
l’envoyé à la salle du conseil, qui se trouvait dans le
couloir de gauche de la salle du trône.
Seul dut être réveillée la princesse royale, étant donné
que les autres personnes présentes étaient bien âgés, et
ne dormait pas.
Elle était d’ailleurs d’humeur peu joyeuse, mais se
doutant bien que quelque chose de grave s’était passé,
elle n’affectait plus son air provocateur, et se mis un air
sérieux et assidu de circonstances, très intéressé de ce
qui allait se dire au conseil.
La salle fut dressé à la va vite, les bougies magiques allumé
par Velandir qui lui aussi s’était déplacé magiquement de
la tour qui se trouvait pourtant à 2 lieu de là. (la tour était
d’ailleurs visible de la capitale). On voyait aussi le
chambellan royal, les différents ducs, dont le jeune Philipos
qui lui aussi ne semblait pas particulièrement dérangé,
sans doute ne dormait-il pas, et enfin on introduisit le roi,
ou plutôt le roi s’introduit dans la salle du conseil, et
s’assit en tête de la table oblongue face à la princesse.
Le roi, même s’il était malade ce matin-là, semblait
mieux se porter, mais nul ne se faisait de doute, il était
horriblement fatigué.
Même si on pensait voir l’échéance repoussait à deux ou
trois mois, tous savaient que l’effort qu’il a dû faire
pour venir, celui de se déplacer, de venir, et de parler, lui
en a coûté.
«
- Nous vous écoutons Nesis
- Venis mon altesse.
- Oui oui, peu importe parlez ! vous qui nous avez dérangés.
- Mes amis , dit-il en posant les mains de part et d’autre
de l’écu qui ornait chaque place, l’heure est grave ! Je
reviens du domaine de Dekereth, et en disant cela, il jeta un
regard de côté au duc Dekereth, ce viellard octogénaire,
qui pourtant son corps squelettique n’en était pas moins
vivant.
Comme vous le savez sans doute, Dekereth touche la mer, ainsi
que les frontières par le nord de Nestisis.
Tout le monde acquiesca suite à cette présentation.
Je reviens de la capitale du duché, Salskiorgh, et j’y ai
laissé morte
Tout le monde frémit à ce mot, surtout le duc, craignant la
suite,
L’héritière du duc, tous furent surpris, tous étonnés,
ne s’attendant point à cela, craignant seulement que la
femem du duc ait dit adieu au monde ;
- Comment-cela est possible !
- Mais elle était en bonne santé lorsque je suis parti
- Ma pauvre amie ;…morte ?
- Une si jeune fille …
Et ainsi de suite, tous ayant des réactions choquées, et des
mines déconfites. Seul l’imperturbable Duc Melkhior de
Melbereth garda son calme, suite à une longue éducation si réputé
pour sa striction.
« Silence ! Silence !
Tous se turent, sauf le roi qui était tout au long de la déclaration
resté silencieux
Comment ?
- J’y venais mon bon duc , et sur ce il s’inclina légèrement,
la princesse a été…assassinée…
La princesse Sesothia mit sa main à la bouche, Philippos
assis à côté d’elle, et au mépris des règles, surtout
en ce moment, posa une main réconfortante sur son épaule, et
alors que le duc de Melisita allait s’exprimé, le roi fit
taire tout le monde d’un regard.
-Par qui ? , calme, il semblait se maîtriser pour ne sembler
à la fureur
- Un assassin…Nestisien.
- Absolument sûr. Il portait dans sa poche l’ordre de
mission, signé des grands-ducs de Sestisis, et semblait être
sûr de s’échapper, mais le Haras de la princesse l’a
abattu (les haras étaient des serviteurs dévoués, celui de
la princesse s’appellait Merestos).
- Comment a-t-il pu relâcher son attention ,le roi semblait
visiblement vouloir éviter la vraie décision qui allait
s’imposer à la suite du conseil, ?
- Nous croyons…Nous croyons qu’une drogue a fait relâcher
sa prévenance…
Soudain le roi s’affala sur sa chaise, sentant le poids des
années, mais la sérénité était sur son visage.
Il serait bon d’expliquer avant d’aller plus loin dans les
événements l’histoire du blocus. Nestisis et Sestisis se
vouaient depuis longtemps une haine très modérée, et
seulement jalouse l’une de l’autre.
Mais cette année là, les grands duc de Sestisis refusèrent
le droit de passage aux marchands Nestisiens transportant des
marchandises dont la necessité ne se faisait sentir que pour
leur qualité et leurs prix (telles le grain surtout), car
Sestisis se voyait dépendant de Nestisis en la question, et
plus le temps passait semblait-il, plus les paysans Sestisiens
perdaient courage, et Nestisis affermissaient son emprise.
Il y a deux ans, la proportion de grain Nestisien et Sestisien
en Sestisis étaient de trois pour deux.
Le blocus avait débuté depuis une semaine, et c’est pour
cela qu’elle ne semblait qu’une bagatelle, et le commerce
n’en ressentait pas encore les effets, la moisson n’ayant
lieu que dans trois mois.
Un seul mot parvint sur ses lèvres, un seul s’en échappa,
un seul atteignit le cœur de tous ici présents, un murmure
imperceptible , mais pourtant si puissant.
« Guerre .»
L’ordre fut absolument donné, et on sonna partout les
puissants cors, qu’on n’avait pourtant pas sonné lors de
l’assasinat de la princesse, pour attendre la décision du
sage roi, et de lieue en lieue, l’appel retentit, très peu
de régions ne purent l’entendre, et tous furent au courant.
Dans le château, on réveilla les serviteurs, on fit appeler
les bardes, les crieurs , et tout ceux capables d’annoncer
la nouvelle, et dans toute la ville on les vit courir de
taverne en maison, annoncer la guerre.
***
Les trois étudiants se tenaient toujours à la taverne, et
lorsqu’ils entendirent le premier cor retentir, il ne
crurent qu’à un incendie, et pendant un instant tous se levèrent
puis se rassirent.
Mais enfin, le cor continua à sonner, puis d’autres, puis
tout Nestisis sonnait, car le pays avait connu sa dernière
guerre il y aseulement 50 ans, ce qui expliquait que tout
existât encore, mais les habitants n’osant croire à la
guerre, restèrent éberlués, ne bougeant pas, s’arrêtant
de boire, ou ne regardant ni leur verre, Velia même arretât
son jeu et écouta.
Deux ou trois minutes plus tard, la taverne était toujours
suspendu, et tous se taisaient en un silence funébre, lorsque
soudain un petit page déambula par la porte de la taverne
(cette taverne se trouvait non loin du château).
« La guerre est déclarée ! Sestisis a assassiné la belle
Morgianne (telle s’appellait la princesse de Dekereth) , le
roi déclare la guerre à ces chiens ! »
Il disait cela, le souffle court, et mélangeait sans doute le
texte préparé, et en oubliant une partie.
Quelques secondes de silence suivirent l’arrivée de la
Guerre.
Lorsque Gregior leva son verre, et décocha sa rapière et dit
tout fort en levant de même le bras du guerrier et de Velia,
les joignant tout droit
« Et bien mes amis, la guerre soit, mais seul non ! Alors
tous ensemble nous vaincrons, et verrons par delà même le
pays, et les jolies filles, ainsi que le vin et la bourse ! »
Et tous criaient un hourra, ensemble, et levèrent leur verre,
sans se rendre compte ce qu’était vraiment la guerre.
***
Velia venait de se rendre compte qu’en levant son verre
ainsi, elle liait son destin à ceux des deux jeunes beaux garçons.
Elle ne pouvait plus les séduire impunément, ni les voler.
Elle se dit même au fond d’elle même qu’elle les
aimaient bien tout les deux, le joli garçon charmeur, et le
guerrier grognon. Elle avait le pressentiment qu’ils
parcouraient une grande route ensemble, si ce n’est la route
qui leur restent à vivre.
***
Et loin des hommes, loin de leurs haines, de leurs joies, et
de leurs peurs, les cercles de pierre, dernier vestige
mystique avec ces druides, ces cercles de pierre tremblèrent
d’un court râle mais ô combien puissant.
***
Si quelqu’un eut l’obligation, ou l’envie d’aller se
promener dans le niveau le plus bas connu des sous-sols (étage
–5), il aurait entendu des pleurs, et croyant trouvé
quelque enfant perdu, il se serait approché et aurait vu le
vieux duc de Dekereth pleurait toute les larmes de son corps
desseché.
***
Et au moment même où le premier cor sonnait, où la
princesse soupirait, où le roi se taisait, ou les trois
joyeux aventuriers levaient leur verre, où les cercles de
druides tremblèrent, Bub s’entaillait le bras.
|