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Récits d'aventures : Armure d'Or



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Prologue :


 *une très longue note accroché sur une colonne entière du mur de la taverne*


- je ferais peu cas de votre breuvage, princesse, et eut-il en être nécessaire que je ne le prendrais pas !

C'est en ces mots dans une tournure bien particulière qui disait-il, donnait du piquant, que le bon Roy de Nestisis accueillit la plus belle dame du royaume, la princesse royale. Le roi était comme toujours d'humeur fort excréable, et il s'exprimait du ton sénile de ces vieillards qui -au comble du malheur- ne trouve bon qu'à s'en prendre à leur entourage.

-Voyons père, cessez vos minauderies et buvez de ce fait la fiole que les druides m'ont si gentiment remis pour sa gracieuse personne royale !

La fille contrastait énormément avec son père : tandis que celui-ci était d'humeur acariâtre et ne cessait de geindre, celle-ci était toujours ferme mais prévenante envers le beau monde qui l'entourait. Mais toute bonne âme à son péché, tout comme une fille bien élevée sorti fraîchement des jupons de sa mère se dirige vers le regroupement de mâles le plus proche -à savoir la taverne - la princesse jouait l'insolente avec son père -pire encore, l'enfant gâté.
Nul homme ne pouvait résister à Sesothia, la grande princesse royale, qui s'exprimait d'une voix douce et claire malgré le sarcasme perçant dans sa voix.

Force fut admettre au roi sa défaite au bout d'une demi-heure de joute verbale acharné avec sa favorite comme il l'appelait parfois -ce qui était souvent sujet à plaisanterie de la part de la cour.

Ainsi la potion lui fut administré malgré sa mauvaise humeur et après gré de tempestements et surtout de reproches envers sa fille qu'il accusait à tort d'être une "catin" qui ne faisait que fréquenter les beaux prétendants fort nombreux au demeurant mais bien souvent poliment éconduits avant même d’entrer dans la salle du trône.

Surtout que sa fille avait le surnom fort coquasse de vierge de fer malgré ces 25 bonnes années sans doute due à l'éducation fort stricte qu'elle reçut en campagne en la personne du maître d'armes du roi : messire Ihem . Ce qui on le verrat par la suite, aura des conséquences fort fâcheuses sur les talents de la fille à se jeter au cœur d'une bataille.

Si le roi trônait encore sur son trône à 93 ans, c'est qu'il faisait preuve d'une vigueur exceptionnelle, et chose assez courante chez les vieillards solitaires, d'une force de caractère peu commune qui avait fait fuir bien plus d'un ministre.

Mais il faut dire que le roi déclinait et avait une maladie incurable : la lassitude de vivre plus communément appelé vieillesse; et tout le monde -surtout les principaux intéressés -murmurait à qui le trône, et surtout en quoi consisterais l'épreuve.

Car la tradition voulait qu'en ce royaume , le Saint Père (le roi) fixe une épreuve pour déterminer son héritier qui épousera sa fille. Fort bien -voire trop- souvent, l'épreuve consistait à qui occirais le dragon et en ramènerait le trésor intégral qui consistait en quelques armes mythiques et joailleries de fortune. Si le royaume était resté - malgré cette épreuve purement méritoire- entre de bonnes mains, c'était dû à l'ingéniosité du plus grand mage royal -feu devrais-t-on écrire- Gorgonth qui forgea une pierre qu'on nommait l'Oracle prédisait le malin qui sommeillerait dans le maudit qui oserait toucher la pierre.

Nullement chagriné par la santé de son père envers de son éducation royal, la princesse reprit le cours normal de sa vie, à savoir paraître à la cour, bien qu’en réalité elle ne cherchait que des amusements.

Ce qu'elle fit d'ailleurs après l'administration du remède à son père.

De jours en jours le splendide château de Giretharth se remplissait et on voyait sans cesse la basse cour emplie de marchands tous vendant des étoffes fort belles et raffinés , des vins de qualités ainsi que des pierreries- tout cela au prix fort évidemment.

Par contre à l'intérieur du château -fort lumineux de par son éclairage magique - festoyait et apparaissait le beau monde. Etrangement, à la mort du souverain, apparaissait de plus en plus de comte qui n'avait point paru depuis longtemps, de marquises et de leurs filles à marier, de duc qui comme par enchantement venait en visite au roi et d'adorables princesses qui folâtraient gaiement à travers la haute gente mâle du royaume. Tous avait l'air de dire "J'aurais quelque chose, croyais-moi". Tous envieux, ainsi les princes venait obtenir une faveur du roi, les comtes des princes, les vicomtes des comtes et ainsi de suite. Car tout le monde sait que dans la noblesse on ne fait pas long feu sans avoir de bonnes relations, et plus important encore -un parent bien considéré qui saura placer le mot qu'il faudra ou la phrase pour obtenir la carrière de vos rêves.

Car de tout temps, le plus grand jeu de la cour a toujours été paraître, et surtout avoir. Si le peuple savait les coûts exorbitants en pièces d'or que dépensait ces chevaliers tout de plate vêtus et ses princesses aux épaules -il est vrai adorable- nues pour bien paraître ne serait ce que pour bien se coiffer, une révolution se lèverai sur l'heure et on exigerait l'uniforme militaire pour tous -comme en temps de guerre.

Ce fut donc en tapis rouge et robe de dentelle que la princesse fit son entrée et de sa voix si sonore-mais non forte- lança son salut
"La princesse royale vous salut !"

A l'accoutumée, tout les regards se tournèrent vers elle, tout d'abord en égard de son rang, mais on pu remarquer dans la salle une légère avance de mouvement des mâles, bien que les plus jeunes attendaient déjà impatient l'introduction par la princesse en devis des appartements royaux.

La princesse était tout simplement une merveille de la nature. Son port royale lui conférait une assurance de reine, sa robe dévoilait ses épaules charmantes et blanchâtres comme de la porcelaine à nu et le décolleté classique apparaissait devant, révélant une courbe harmonieuse au niveau légèrement supérieur à la poitrine. Mais chose fort insolente-ce qui était un trait fort apprécié de la charmante personne royale-la princesse avait fait en sorte que la robe révèle son ventre plat par un trou d'aération fort commode et confortable par cette chaleur d'été. La princesse d'ailleurs se plaisait à narguer de son ventre les ministres et pire encore ses plus fervents courtisans.

C'était là des folies que pouvait se permettre les membres royaux, tous aussi fantasques.

Mais le plus exquis atout de la personne royale était sa délicieuse bouche. Ses lèvres se déplaçaient avec volubilité, et quelque soit la voyelle, le mouvement en était jolie, que ce soit dans un O où on voyait toute la blancheur de ses dents ou bien dans un I lorsqu les lèvres s’étiraient et cédant ainsi place aux fossettes si mignonne de la princesse. Le plus ignoble était la moue extatique que faisait la princesse, chevauchant la lèvre inférieure de sa lèvre supérieure, dans une traînée folle de mâles.

Ainsi, la princesse se trouvait à la vue du cercles de rares initiés dans la salle du trône ou dominait sur des marches le siége royal assertis de pierreries classique dont tout riche royaume avait en quantité suffisante pour s'offrir une armée, et le cas échant corrompre l'ennemi.

Elle s'avança lentement à pas mesurés et réfléchis -comme à son habitude - ce qui appris derechef aux courtisans que le roi n'allait pas lâcher prise pour tout de suite - et salua poliment le monde d'un simple "bonjour" plus qu'informel que sincère et chaleureux. Par pure convenance toujours elle s'avança saluer les princes et princesses, qui se trouvait en demi-cercle autour du piedéstal du trône.

Seuls pouvaient accéder à la salle du trône les princes propriétaires des 6 duchés entourant le septième : la capitale royale, Golberath.

De droite à gauche, le prince Viktor de Cyrintha, Melkior de Melbereth, la princesse Sofia de Teterath, Ilya de Venitia, le prince Derek de Melistia, Hektor de Dereketh, et Phillipos, de Falsira – tout fraîchement placé sur ses terres après le décès de son père.

Si tout ce beau monde était réuni, c’était bien parce que le roi les avait mandé, afin de discuter du blocus frontalier avec Nestisis, qui semblait pourtant à tout le monde une simple bagatelle.

La princesse s'avança dans le cercle et reprocha à Phillipos son éloignement, intérieurement elle était folle de joie, s'amuser était son but, et tout les moyens étaient bon, se montraient insolentes avec les ministres sérieux ou donnaient le baptême de feu à un jeune prince, tout cela lui convenait, la distrayait, lui faisait passer le temps.

Le jeune prince se trouva contraint d'avancer, et s'offrit en spectacle à la vue de tous qui savouraient secrètement ce spectacle sans en connaître pourtant les raisons dans le cœur de la princesse royale.

"Saviez-vous que mon illustre -et elle insistait ce mot, que même une jeune bergère aurait pu en saisir le sarcasme- père vous tenait en haute estime ? Il paraît que vous vous êtes fort bien illustrer dans ce blocus frontalier »

Le blocus frontalier n’était qu’une simple broutille entre royaume qui arrive si souvent, et qui en temps de paix n’avait guère de réelles retombées, mais en temps de guerre excitait encore bien plus les tensions.

Le prince rougit alors, et la princesse y prit plaisir, et se gaussa dans cette satisfaction purement enfantine, mais pourtant rien n'y paraîtrait, sinon une lueur dans ses yeux.

Tout autour, le cercle désapprouvait ce jeune inconvenant, se demandait comment il avait pu être placé là, sans éducation, encore pire que certains jeunes ducs – en général les courtisans de nombreuses de leurs femmes qu’il ne pouvait que désapprouver. Cependant, on se devait d’accepter Phillipos en ce lieu, en égard à son titre, et parce que c’était une vieille coutume.

Mais le prince plongea ses yeux dans ceux de la princesse et y remarqua cette lueur .Car on peut être fort ignorant –ou tout simplement non nécessiteux de les apprendre- de ces manières dépravés et stupides de la cour, et fort intelligent. Il fit exprès, en sachant que la princesse l'inviterait encore plus souvent, de s'empourprer encore plus, et même -comble de la honte- de bafouiller en Sa présence. Et il répondit d'un regard malicieux à la princesse, que seuls eux deux partagèrent.

Il s’inclina donc, fort confus, et s’excusa prétextant une affaire urgente et prit congé des personnes présentes.

C'est ainsi que se liait deux personnes qui jouerait un fort rôle dans les sombres temps qui allait s'abattre sur le royaume, d'un simple regard, ils comprirent tout deux qu'ils se comprenaient et ainsi fut décrété le destin des deux amis, et personne ne comprit pourquoi, mais le prince Phillipos fut invité le lendemain, et encore le surlendemain, toujours et dans l'unique but -incompris- de distraire la princesse royale.


***

« Espèce de saleté va ! Mais où on t’as appris à cirer une chaussure ! dehors et plus vite ! »
Le grand mage royal mettait hors de sa tour son cireur de chaussures personnels d’un coup de pied bien placé –alors qu’une boule de feu aurait mieux fait son œuvre- et cela parce qu’il avait oublié de chausser ses bottes ce matin-là.

Tout aussi fantasque que la famille royale, et agréable que son frère, le roi ; Velandir, loin de se contenter de son occupation, de sa tour de mage gigantesque qui dominait le palais du haut de ses 47 étages, loin de se contenter de ses serviteurs dévoués à chaque tâche, loin de se contenter d’être le mage le plus puissant du royaume, donc loin de tout cela, Velandir était encore moins sociable que le Roi. Peut-être était-il légèrement déçu, désappointé d’avoir vu la succession lui échappait, tout cela parce qu’il était plus jeune de quelques années.

Ce mage étrange, qui avait besoin d’un « polisseur de dents » en vertu de sa puissante magie, se complaisait dans sa tour à diriger son petit monde, jaloux du roi, de la sublime reine, plus encore de sa fille, de ses vautours courtisans, de ses 3000 serviteurs, du paysan qui criait hourra au passage du roi, de la sainte création, en bref de tout si ce n’est de lui.

Fort mal vu par tout ses collègues, et tout les ordres du royaume, il n’aimait que fort peu faire usage de la magie, et lors de l’histoire du blocus frontalier avec le royaume extérieur de Senestis, alors que le roi lui demandait de bloquer la grande route, il eut répondit tout simplement que l’armée était là pour ça, qu’il était un mage royal, lui, et qu’il ne voulait pas être dérangé, surtout qu’il était en pleine recherche sur un sort majeur qui pourra peut-être sauvé le monde de la destruction et du chaos.
Bien qu’en réalité, il était vraiment à la recherche d’un sort pareil, d’une simple incantation, il aurait pu ébouler suffisamment de pierres et incanter une barrière magique pour donner bien du fil à retordre au mage adverse, bien moins doué que lui.

« Satané peuple »
Bougonnant à tort et à travers, il regagna le chemin de sa loge, et –comme par enchantement- ne put trouver aucun domestique sur lesquels il pourrait passer sa rage.

La tour de mage présentait deux particularités.

Tout d’abord, haute de 47 étages, soit environ 100 mètres, elle présentait un escalier unique, qui s’enroulait sur lui même, s’accordait avec les différents éléments magiques et le rendait donc invulnérable à toute magie.
Il faut dire que cet escalier datait de fort longtemps de même que la tour, et on disait souvent qu’ils étaient là même avant le premier homme sur la terre de Nestisis.

Car bien que son pouvoir fut grand, Velandir n’aurait jamais pu concevoir pareille grandeur, encore moins pareille prouesse.

Quelques jeunes mages audacieux disait de cet escalier qu’il était un agrandissement de la structure du champ magique de l’océane -cet armure tant réputé pour ses vertus anti-magiques-, porté à la perfection, quoique personne ne savait ce qu’il en découlait, encore bien moins les jeunes mages eux-mêmes.

Tout au long de l’escalier, des espaces vides apparaissait dans la rampe, où à la place apparaissait des passerelles de verre menant aux différentes salles de l’édifice.

Grimpant l’escalier sans peine, malgré ses 70 ans passés, Velandir entreprit l’escalade sans trop souffrir, ni souffler le moins du monde.
Car on a beau être jaloux, mécontent, bafoué par sa famille et encore plus le monde, on en est pas moins un mage puissant, qui bénéficie donc d’une vie bien plus longue atteignant sans théoriquement les 200 ans.
Hélas, il survenait toujours un accident fâcheux dans ce parcours sinueux de la vie, et seul Meschremir le grand dépassa le cap des 150 ans (153 exactement), sur quoi il trébucha bêtement de ce si beau escalier, mais sans doute était-il trop las de vivre pour se sauver d’une quelconque façon magique.

On raconte que dans le temps, dans ces temps obscurs qu’on nomme temps des elfes, le temps des merveilles, le temps où les dryades foulaient la terre en toute innocence, et bien en ce temps, les magiciens savaient préserver la vie, et on voyait bien les membres de la famille royale vivre des centaines d’années, et seuls les guerres, les accidents domestiques mettaient fin à leurs vies.

Mais hélas ce savoir s’est perdu au fil des âges, oublié de tous, et surtout disparu dans les destructions et dégradation que connaît tout le réceptacle dudit savoir, c’est à dire les livres, et leurs auteurs, les mages eux-même.

Dans son cabinet au sommet de la tour, où l’escalier aboutissait, et où l’accés se faisait par une petite trappe, se trouvait un autre mage exceptionnelle : Shynerth.

Il était assis sur une des nombreuses chaises qui parcourait les rangs de la bilbiothèque magique au cas où le lecteur ressentirait le besoin de s’asseoir.

Les cheveux longs et bouclés, les yeux verts, il avait un air qu’on attribuait d’ordinaire au gai ménestrel. Si ce n’est excepté la longue saillie qui lui barrait le front, montrant une profonde réflexion.

Assis sur la chaise dans sa robe de travail, Shynerth examinait une pierre qui luisait étrangement.

C’était en fait un essai de reproduction de la matière de ce fameux escalier, soutien de la tour, et disait-on de la magie du royaume. Quoique le résultat n’eut pas le succès escompté, la pierre était à vrai dire assez jolie, et captivante.

Pourtant, loin de la lueur d’admiration, Shynerth la considérait avec interêt, tout comme on examine un objet qu’on voudrait acheter, en essayant de déceler ses imperfections, ses défauts de fabrications, ses petites choses qui font la qualité et la rareté.

Velandir considéra longtemps Shynerth en silence, qui , non parce qu’il ne le daignait, mais parce qu’il ne le pouvait, ne levait les yeux sur le mage royal, son maître.

Velandir hésitait intérieurement sur la conduite à adopter. Fallait-il montrer la porte au jeune homme et lui criait dessus ? Ou l’aidait dans ses recherches.

Car aussi étrange que cela puisse paraître, Velandir faisait preuve à l’égard de son apprenti, une bienfaisance comme en fait preuve un maître à son meilleur chien de chasse.

Le moment interminable se poursuivit un temps, Shynerth rompit sa concentration -unique au monde- et leva ses yeux sur son maître.

« Fort jolie…Mais rien de ce qui nous interesse en ce moment maître. On pourrait peut-être la vendre…ou bien la monter sur un sceptre et l’enchanter. »

Shynerth avait pour tout ce qui était matériel un sentiment qui ne leur accordait attention qu’à leur utilité actuelle, et possible.

Tout en faisant tourner la pierre pour l’examiner, il la montrait à Velandir, partageant ses connaissances.

La pierre était en fait une sphère, sans aucune rugosité, ni aucune imperfection que ce soit un éclat à l’intérieur. Elle ne présentait aucune imperfection, du moins à l’œil nu. Parfaitement transparente, une douce lumière blanchâtre émanait de l’intérieur, et sans que nul ne s’en apercevait, on se sentait réconforté par cette présence maternelle, presque divine. Son diamètre faisait environ la largeur d’une paume de main, bien que celle de Shynerth ne fut pas fort large, elle n’en était pas moins de belle taille.

Velandir songea pendant quelques instants, et l’habituel flux de pensées qui l’obsédait, pouvoir et jalousie, influérent considérablement sur sa décision.

« On l’offrira à la princesse…
Je suis sûr qu’elle en sera fort charmée ! , il accentua particulièrement la dernière partie, comme si des gens autres que ces deux mages écoutaient pour leur dire ô combien il appréciait à sa juste valeur la famille royale.
-Bien maître…Dommage…

Shynerth se leva, et après un soupir, son air montrait hautement sa déception…encore une babiole sur une tête couronnée semblait dire son air morne et déçu.

En réalité, la princesse n’a jamais porté de bijou, si ce n’est sa couronne royale, et le collier de la princesse, censé la protéger des attaques.
Shynerth ne l’apprendra que plus tard, la « babiole » sera donné à une gens du peuple pour services rendus.


***

« Encore, encore, allez, plus fort, pousse ma petite ! »
« Montre nous ce que tu sais faire la grosse ! »
« Donne-leurs en pour leurs grains à ces matrones ! »
« Tu en verras encore d’autres ! c’est sûr qu’avec un gars de classe A , ça doit y aller ! »

L’ambiance était à la bonne humeur ce soir, et nombreux cris de joies, et railleries fusaient du petit monde qui encerclait une petite maison.

L’objet de leur gaieté était une jeune fille qui accouchait pour sa première fois, chose qui était fort courante en ces temps, mais Melbereth n’en est pas moins un duché comme les autres.

Il faut dire qu’en Melbereth, le duché où on travaillait le plus dur, où il n’y avait que deux frugaux repas pas jour, où il existait un strict code du travail pour tous, où le grain abondait surtout, tout, absolument tout, était sujet à distraction en dehors des heures de travail.

Au fil des années, les hommes ici ont développés un art de vivre unique, nourrissant leurs familles, payant leurs seigneurs, et agrémentant la taverne en fin de semaine de leur présence.


Cette terre fertile se trouvait au nord-est de la capitale, et faisait frontière avec le fameux royaume du blocus : Senestis. La province formait une large étendue de plaines et de vastes forêts, et était le grenier à blé du royaume. Mais non, en dépit de ce qu’on pourrait croire, la réserve de bois du royaume. Elle se trouvait dans le duché mitoyen par l’est : Teterath. A l’ouest se trouvait le duché de Falsira, spécialisé dans la pêche et la fabrication d’étoffes. On pouvait en gros dire qu’elle formait une bande de 300 kilomètres ( le côté attenant à la capitale et aux duchés et son côté opposé attenant à Nestisis) sur 400 kilomètres.

La maison en question se trouvait à moins d’un kilomètre de la frontière, et on pouvait d’ailleurs y admirer le pays d’en face, et ses gigantesques montagnes, auréolées d’un voile de poudre.

A l’intérieur de la maison se déroulait un de ces actes mystérieux, de donner la vie, d’amener une flamme de plus dans ces plaines fertiles et peuplées. En bref, on y mettait au monde un enfant.

On avait mandé un peu plus tôt dans l’après midi deux matrones, toutes deux ayant vécu nombre d’accouchements, mais qui maintenant trop âgées pour en supporter d’autres, jouaient le rôle de sage-femme.

La jeune Bub connaissait un événement unique. La fillette de 15 ans allait avoir un enfant, avoir droit enfin à une chaumière séparé de celle de ses parents ( en Nestisis, les paysans ne pouvaient avoir leur propre maison que s’ils pouvaient l’acheter ou formaient une famille à part entière).

A côté d’elle se tenait son compagnon, Georges, lui caressant ses cheveux blonds et bouclés, qui était dans cette force unique de l’âge chez les mâles, attirant toutes les jeunes femmes des environs, et atteignait la vingtaine. Sa classe de rendement était A, la meilleure, et il était capable à la force de ses bras de soulevait 5 fois son poids, soit environ 5 gros sacs de grains (1 quintal le sac).

Soudain au milieu de l’œuvre on entendit un bruit de sabot, et au jugé du bruit…un vieillard , ancien forgeron, donnait aux chevaux –car ils étaient trois ou quatre selon ses dires- une fière prestance, une allure pressée. Il estimait leurs distances à une barrière ( 213.5 m, cet unité était souvent utilisé pour mesurer les champs). D’après lui, ils étaient pressés, et n’étaient sans doute qu’en simple excursion du soir, sans doute pour traverser leur domaine et retrouver quelques parents ou assister à quelque conseil.

Notre homme se trompait du tout au tout, sauf en ce qui concernait leur précipitation.

On en conclut donc que les seigneurs passaient par là, et tout les paysans se rangeaient en ordre devant la maison, classé par âge et par force, comme l’exige le règlement.

L’accouchement de toute façon était fini, et les deux matrones avaient aussi rejoint la rangée des hommes, seuls Bub et son enfant se reposaient à l’intérieur de la maisonée.

Contrairement à ce qu’on aurait pu pensé, il paraissait très peu probable aux yeux des paysans
que des gens s’offraient une distraction.

Parce qu’en Melbereth tous travaillent, les seigneurs administrent, supervisent et décident, les paysans moissonnent, cultivent, récoltent, les bûcherons coupent et transportent (bien que Melbereth ne soit pas le principal duché en ce qui concerne le bois).

De cette discipline et de ces heures de travails ardus, résultait une excellente moisson, et ce qui avait valu à Melbereth la position capitale de grenier du royaume.

En Nestisis, chaque duché possédait une ou plusieurs spécialités. Ce qui en temps de guerre était un inconvénient fort important, permettait en temps de paix de resserrer les 6 duchés, autour du septième qui bénéficiait d’un gigantesque marché où produits de tout type s’échangeait, et où de longs convois arrivait et repartait.

Ce qui expliquait l’intense activité dont faisait preuve la capitale, nuit et jour, été et hiver.

En place de la promenade, ils préféraient la chasse, mais surtout le combat à la hache où ils excellaient (l’arme par excellence dans la noblesse était la hache, le guerrier d’élite possédait une armure d’océane, deux haches : une à lancer et une à frapper).

Néanmoins, même si Melbereth possédait d’excellents combattants, ils étaient bien loin de rivaliser avec ceux du duché militaire de Dekereth.

Bien loin d’être des seigneurs, du moins, des seigneurs en ce pays, les trois seigneurs étaient en fait une horde de 20 cavaliers, leurs chevaux des chevaux entraînés à la discrétions, et ferrés en conséquent avec du mithril.

S’il faudrait expliquer le pourquoi de la présence de ces cavaliers, ce seraient tenté d’expliquer le pourquoi de la présence du royaume, des hommes, et ainsi de suite. En bref, ce n’étaient qu’une succession de situations et circonstances (qu’on appelle aussi destin) qui nous avaient amené là.

La maison où accouchaient Bub se trouvaient assez isolé, comme toutes les maisons de paysans, et aucune âme ne vivaient aux alentours dans un rayon de trois barrières . Aux environs, ce n’étaient qu’une plaine plate, ce qui avait expliqué que tous ai pu ces chevaux d’un type bien spécial.

En effet cette horde du cavalier était un détachement de l’armée de Nestisis, et était en tout point conforme à tout les autres détachements : elle comprenait quatre archers, deux lourds guerriers tout en armures et armée de grosses épées, deux mages, deux piquiers – tout ceux là étaient consacrés à la défense du mage ,qui grâce à sa force magique offrait un atout considérable, et à repousser les attaquants. La partie offensive de trouvaient composé de 3 archers avec des arcs plus grand, plus long à charger, mais plus précis, et tirant plus loin, et 7 hommes de main, armés d’une épée et d’un bouclier ainsi qu’une d’une côte de mailles.

L’uniforme de rigueur de l’armée de Sestisis était gris, ornés de motifs bleues pour les hauts dignitaires sesitisiens.

Les mages de Nestisis étaient des spécialistes de l’élément feu, et de l’élément terre, en somme, l’élément feu était considéré comme vulgaire en ces temps-ci.

Car la magie se distinguait en deux choses : le concevoir et le vouloir, l’imagination et la réalisation. Nombre de mages ne restaient que de simples mages, parce qu’ils n’arrivaient qu’à concevoir de simples flammes.

Tout aurait pu se passer autrement si seulement la horde avait pris une barrière plus loin à gauche au lieu de passer par là.

On avait allumé de faibles torches pour se signaler, et il était déjà trop tard pour reculer : lorsque ces torches magiques furent allumés, on put voir aisément dans une ronde de 100 mètres, et les cavaliers étaient déjà à portée de vue.

Georges, qui avait laissé sa femme selon les règles pour se présenter, aperçut la drôle de compagnie, et reconnut au loin les robes de mages. Tous furent très étonnés de cet vision, quoiqu’en ayant déjà vu, ils n’avaient jamais entendus parler de seigneurs en armes chevauchant côte à côte avec des mages.

Cependant, ils ne bougèrent pas, subissant des siècles de discipline et de règlements, ils attendaient arriver le destin.

La horde n’avait pour objectif que de s’abreuver au lac qui se trouvait à un kilomètre de là, et rejoindre ensuite leur camp souterrain, à 5 kilomètres à l’intérieur du royaume de Nestisis.

Comprenant vite leurs découvertes, et sachant le scrupule des paysans à respecter le règlement, ils avaient compris que leur visite ne passeraient pas inaperçus, ils se voyaient donc réduit à une seule éventualité bien que fort regrettable.

Les piquiers et les archers ainsi que les cavaliers, tous donc hormis les deux lourds guerriers et les mages, se placèrent en attaque –archers derrières, piquiers en couverture et guerriers devant, tout cela par simple habitude- lames sorties du fourreau, et lances pointés.

Les archers ne tirèrent pas un coup, car une flèche attirerait des soupçons sur Sestisis.

C’est à ce moment que les paysans comprirent que quelque chose n’allait pas, mais il était déjà trop tard, la compagnie n’étaient plus qu’à 25 mètres, et malgré la fuite des 19 paysans qui étaient là dans tout les sens, le premier paysan s’écroula au sol après avoir été empalé.

Les deux matrones elle aussi étaient sorties, sauf Nub qui attendait à l’intérieur, son enfant dans les bras : un jeune garçon.

Les cavaliers tournaient en cercle autour de la maison et en permettait à personne de s’en échapper.

Les cris fusérent, et personne n’entendit le massacre, seul Nub écouta apeuré berçant son bébé dans les bras qui hurlait à la mort.

Asikar, le capitaine de la horde, et homme de main, avait déjà tué 6 paysans de sa lame toute en sang, et le massacre terminait appella ses hommes devant la maison.

« Restez-là, je vais examiner la maisonnée. »

Le personnage en lui-même étaient assez sévère, il avait le teint basané, comme la plupart des hommes de Sestisis, plus exposés au soleil, et son regard noire reflétait une tenacité propre à menait les hommes à la mort.

Poussant la porte avec précaution, il vit tout de suite apeuré la jeune mère qui se trouvait sur un matelas grossier comme possédait les paysans, et le bébé qui s’était endormi au sein de la fille.

Il regarda un instant la fillette qui ne comprenait pas ce qui se passait, qui ne découvrira qu’au lendemain l’horreur de ce qui s’est passé, et qui déterminera sa vie.

La fillette n’oubliera jamais le regard de cet homme, noire de jais, si dure, qu’elle faillit s’y heurter, si ferme, qu’elle en était ébranlée.

Asikar ressortit, et fit signe à ces hommes que tout était comme il fallait, et qu’on pouvait s’en aller.
IL contempla un instant les paysans, face contre terre, leur terre si chéri au sol, les deux matrones qui avaient été transpercés par les lances…et satisfait, l’air d’être sûr que tout avait été fait correctement, remonta en selle.

Loin de s’inquiéter que son œuvre puisse être découverte, Asikar par l’expérience connaissait les bêtes de Nestisis, du moins de cette région, et savait que le Loup Morne, ce grand loup, décharné et blanc, charognard surtout, feraient son œuvre, et qu’on ne verra là rien d’autres que le sang.

Car les gens n’aiment point avoir des idées, encore moins de ceux qui leur déplaisent n’y verront qu’un pauvre groupe de paysan, dévoré par les « bêtes ».

***

Il serait faux de dire que nul n’avait vu le massacre. Un petit chien, trop terrorisé pour bouger, se trouvait plaqué sous les planches de bois de l’entrée.

***

On déclara les 20 paysans disparus, laissant ainsi des familles entières sans pères ou fils, et des exploitations avec un bras manquant. On attribua –comme prévu par Asikar-la chose à l’attaque féroce de Loups à l’approche de l’hiver naissant.

***
Et tous ensemble continuèrent leur marche, les mages maugréant n’avoir pu déchaîner leur courroux sur ces idiots qui avaient osés troubler leur voyage.

La fillette s’endormit d’un sommeil sans rêve, car la réflexion sur les événements de la soirée, ne lui était possible ni dans son état de corps, ni dans son état d’âme.


Nul ne saura jamais ce qui a motivé en cet instant précis Asikar.
C’était un de ces actes inexplicables qui fait partie de l’histoire, et la modifie légèrement, un de ces actes qu’on ne peut expliquer, ni déterminer, et dont aucun ménestrel ne s’attardera dessus plus que le massacre qui venait de se dérouler.


Mais à partir de ce moment, et nul d’autre moment, ni après, ni avant, Asikar venait de sceller son destin…et sa mort.


***

« Holà tavernier, apporte nous donc à boire ! »
La nuit venait seulement de couvrir le pays, et la taverne était déjà depuis longtemps remplie, car en la capitale, tout vit tout le temps.
Le jeune menestrel Gregior venait souvent ici, et était un habitué de l’endroit, un de ces hommes qui font partie de la taverne comme un meuble ou une boisson. Il était assis à une table situé au fond de la taverne, en compagnie d’une sublime jeune fille et d’un vigoureux homme.

La taverne était en réalité l’endroit propices aux rencontres et aux amitiés pour les jeunes étudiants de la capitale. Ainsi autour de la table nous avions Gregior, apprenti Menestrel, Velia, apprenti archère – et sublime jeune fille dans la fine fleur de l’âge, Pol, écuyer dans une école de guerrier.

Tous étaient joyeux d’enfin se reposer, de sentir en eux ce sentiment de liberté, caractéristique aux étudiants en promenade.

Pol semblait absorbé en pleine réfléxion, chose rare, bien qu’elle concernât en fait quelque chose propre à tout les hommes, surtout au sortir d’une école entièrement masculine, à savoir séduire.

Gregior ne le semblait pas, mais il ne le faisait pas moins, avec sa bonhomie joyeuse, ses rires au éclats, ses anecdotes poignantes, sa manie de faire de grand geste, et son regard ardent fixé sur Velia.

Ce regard…ce regard était de ceux qui abattait les convenances et les barrières morales, que dresse les femmes pour ne point marier trop vite leur fille ou pire encore, compromettre son honneur.

Velia, elle, sentait inconsciemment la force de cette atmosphère, elle se sentait l’objet de l’attention des deux hommes, et en éprouvait une certaine fierté.

Elle était menue, habillé simplement de deux pièces de tissus, d’une jupe et d’un léger gilet se finissant sur un décolleté et découvrant le début de ses superbes épaules. Ses bras nues luisait dans la taverne, et on voyait parfois certains regards se tournaient. Ses rondeurs de jeune fille (Velia faisait un peu moins de la vingtaine) et ses jolies fossettes avait de quoi séduire, et son sourire doublé de son regard aurait fait fondre le premier venu.

Gregior, en tant qu’homme expérimenté, se tenait assis juste à côté de Velia, et passa une main sous sa table, la posant fermement sur sa cuisse. Son air semblait dire, surtout sa main, « je suis là, je ne partirais pas sans avoir mon dû ».

Velia eut d’abord un sourire gêné et ses joues s’empourpraient de jolie façon, qu’elle n’en fut que plus séduisante. Loin de se lever et de giffler cet homme, elle accepta avec plaisir cette main, et posa la sienne dessus.

Un grand maître de séduction disait que tout était dans le regard.
Il suffisait de regarder Velia et Gregior pour s’en rendre compte immédiatement : leur regard était brûlant, ardent et tenaces.

Pendant ce temps de réflexion, Pol par un heureux hasard, vit la chose, qui ne lui passa pas inaperçu.

Ce « bon garçon » à la carrure impressionnante ne pouvait se laisser faire par ce minable de deuxième classe. Il ne fit pas la même chose et cherchant la provocation, se déchaussa de sa botte, et frotta son pied contre l’autre jambe de Velia.

Velia s’empourpra encore plus, se rendant compte enfin de sa situation, mais n’en accepta pas moins le jeu, et aguicha le guerrier d’un regard qui le combla à le rosir, son petit pied dont elle avait enlevé la légére sandale qui le portait d’ordinaire sur les routes, donc mena la valse avec le pied imposant du guerrier, caressant et frottant de côté ou de flanc , dans le seul but de tourner la tête aux deux garçons.

Car que bien que semblant une jeune petite vierge innocente, Velia avait souvent fait ce manége, et le garçon amené à l’étage, l’avait dépossédé de sa bourse mais non point hélas pour le jeune inconvenant, de ses vêtements.

Quoiqu’une fois un homme marié légérement ivre l’avait conduit en haut, mais ne sachant comment présenter la chose, avait pretexté prendre un bain dans le tonneau de bois à cet effet, et s’étant mis de dos, il était entré dans la pièce du tonneau, se déshabillant, il avait jeté ces vêtements dans la chambre.
Ce fut avec une farce assez conséquente que Velia emporta les vêtements en laissant cet homme d’âge mur coincé dans la taverne sans rien à se mettre sur le dos.

Ce fut alors que le tavernier apporta la consommation. Les laquais arrivèrent et changèrent les bougies ( les bougies magiques étaient interdites dans la capitale par souci d’incendie) : la troisième heure du matin venait de passer.

***

Pendant que nos trois jeunes gens picoraient à la taverne, Bub se levait péniblement. La scène la hantait, les cris aussi, et pourtant, elle avait pris une résolution étrange cette nuit-là. Elle posa son enfant sur le matelas, le recouvrit de son châle et sortit dehors.

La nuit brillait par sa pureté ce soir, et le ciel était d’un noir d’encre illuminé par quelques lueurs de compréhension, qui donnait une atmosphère je-ne-sais-quoi envoûtante au tableau :

Bub se tenait dehors se serrant légérement les bras aux coups de vents frais qui venait lui caresser les bras qu’elle avait légérement mat.
Elle n’était peut-être pas aussi séduisante que Velia, mais n’en satisferait pas moins un bon mari. Son visage était un peu plus dur, mais présentait une pureté tout autre, de celle qui n’avait connu que la vie du travail et rien d’autre. On voyait saillir son menton signe sans doute de l’incident de la nuit, de cette goutte de sang sur une robe de mariée, celui de la volonté ferme et tenace, doublé de ce désir si particulier, qu’on voyait luire dans les yeux bleus de la blonde paysanne.
Vêtu d’une longue robe, spécialement plus grande pour faciliter les déplacements de la femme enceinte , elle rentra un instant chercher quelque chose dans la maison.
L’ambiance était silencieuse…et des oreilles étaient aux aguets, pas un oiseau ne volait, ni un loup ne hurlait.
Elle ressortit un poignard à la main, et de sa poche droite grossièrement cousue extirpa la pierre d’âme.

Car en ce royaume, la pierre de destinée existait encore, mais après la disparition des prêtres au fil des âges, elle n’était plus que –disait-on – le reflet de l’âme.
Les hommes avaient oublié les dieux, et en payaient le prix fort : l’angoisse plus grande de la mort.

Elle contempla un instant sa pierre d’âme, qui brillait étrangement, un peu comme la babiole que Shynerth avait fabriqué.

Elle tendit son bras droit, la pierre à la main, et du gauche prit le poignard. Agenouillée en signe de soumission, elle regarda le sang qui avait coulé dans la terre, les larmes lui apparaissaient à l’œil, mais elle ne savait pourquoi elle devait le faire , c’était ainsi, encore un de ces moments que l’Histoire ne connaîtra pas mais qui influe sur le cours des événements. C’était un de ces événements dont l’essence n’était que pressentie qu’après coup, indéfinissable et filante, comme la douce magie.

Elle serra les dents. Nulle parole n’était nécessaire pour le serment qu’elle exprima par tout ces mouvements, cette cérémonie.

S’il fut possible qu’il existât quelque chose de plus silencieux que le silence, ce voile s’étendit à ce moment sur la maison de Bub.

Le petit chien n’en avait pas moins bougé de sa cachette, et de ses yeux fixera à jamais le rituel.

Enfin, visiblement le serment exprimé, le soulagement exprimé par les larmes coulant sur ses joues, nettoyant un peu la salissure qui s’y trouvait en faible quantité, elle se coupa le bras, d’une entaille, lentement, et n’en ressentit point la douleur car d’une part la coupure n’était pas dramatique et d’autre part, elle ne pouvait ressentir la douleur.
Le sang coula du bras et partit se fondre dans la terre.

On aurait dit d’un coup que tout semblait luire, la pierre d’âme , les étoiles, le ciel, la maisonnée, les torches magiques, et surtout le chien.

Le chien qui avait assisté à tout, qui était le témoin garant, luisait tellement, qu’il se fonda en diamant.
Ce serait bien trop complexe à décrire, mais pour résumer en quelques mots ce miracle, le chien luisait d’une telle lumière, qu’il en devint cristallin, comme un diamant.
Mais loin d’être achevé, soudain il se pétrifia, se changeant en pierre, pour ne jamais révéler le secret qu’il possédait dans ses yeux terrifiés.
Elle leva la lame, et une nouvelle lueur était dans ses yeux, peut-être celui du chien, peut-être celui des étoiles, peut-être celui du feu, ou peut-être un peu de tout cela, ou encore seulement une lueur qui reflétait son âme comme sa pierre d’âme.

***

L’étrier traversait à toute vitesse les routes de la capitale, et ne se souciait guère des passants. Son monteur ne cessait de tirer la bride pour toujours avoir plus de vitesse, encore et toujours. Ne prenant point les grandes avenues fréquentés et encombrés, il passait toujours par les traverses, manqua bien des fois d’écraser un passant, de trèbucher sur un établi, ou encore pire, de se prendre tout simplement une impasse.

Le coursier semblait poursuivi par l’enfer lui-même, et son regard fatigué était pourtant emplie d’une lueur étrange, celle de la terreur, celle qui transforme l’homme en animal apeuré, celle qui fait que la fuite devient préférable à l’offensive.

Malgré ses divers détours, sa direction semblait le château, dressé sur la colline en plein cœur de la ville.

Arrivé au portail, il se trouva face à deux énormes colosses humains : des gardes tout en mithril, qui lui bloquèrent la route. Mais après avoir examiné un instant l’homme, qui lui semblait littéralement pestait contre ces gardes qui le retardait, il reconnurent Venis, l’envoyé de Cyrinthia, le royaume qui se situait à l’est de la capitale, et faisait front à la mer.

C’est pour cela que les gardes du château n’étaient pas dans la garde royale, tout simplement parce qu’ils avaient une mémoire hors du commun, et une intelligence bien plus que supérieur à la normale.
Sans hésitation, et bafouillant, les gardes lui ouvrirent la herse, posant leurs hallebardes au sol d’une main mal assurée.

D’ordinaire, même les envoyés doivent attendre avant d’entrer dans le château, mais les gardes en voyant cette homme comprirent tout de suite qu’un malheur s’était produit, et nul rapport n’était avec l’intelligence, mais tout simplement le bon sens.

L’envoyé se précipita au galop, renversant le page qui accueille d’ordinaire les visiteurs de marque, et gravit tout de suite la pente menant de la basse cour à la haute cour, les gardes gardant la barrière les séparant ayant fait de même, ouvrant la herse.

Arrivé enfin en haut, il se trouvait dans la cour supérieure, pavé de dalles joliment décorés, d’arabesques de poudre d’or, et de marbre noir ou blanc. La porte de bois qui séparait le monde et lui comme se plaisait à le dire le roi s’ouvrit, et on vit déambuler le chambellan royal, étonné de le voir.

« Conduisez moi tout de suite au roi » dit péniblement l’envoyé à l’arrêt, qui haletait de cette folle course qui faisait en fait, dans les 20 lieues ( 1 lieu faisait environ 8 kilomètres).
Un conseil fut dressé en cette heure tardive, et on mena l’envoyé à la salle du conseil, qui se trouvait dans le couloir de gauche de la salle du trône.

Seul dut être réveillée la princesse royale, étant donné que les autres personnes présentes étaient bien âgés, et ne dormait pas.
Elle était d’ailleurs d’humeur peu joyeuse, mais se doutant bien que quelque chose de grave s’était passé, elle n’affectait plus son air provocateur, et se mis un air sérieux et assidu de circonstances, très intéressé de ce qui allait se dire au conseil.

La salle fut dressé à la va vite, les bougies magiques allumé par Velandir qui lui aussi s’était déplacé magiquement de la tour qui se trouvait pourtant à 2 lieu de là. (la tour était d’ailleurs visible de la capitale). On voyait aussi le chambellan royal, les différents ducs, dont le jeune Philipos qui lui aussi ne semblait pas particulièrement dérangé, sans doute ne dormait-il pas, et enfin on introduisit le roi, ou plutôt le roi s’introduit dans la salle du conseil, et s’assit en tête de la table oblongue face à la princesse.
Le roi, même s’il était malade ce matin-là, semblait mieux se porter, mais nul ne se faisait de doute, il était horriblement fatigué.
Même si on pensait voir l’échéance repoussait à deux ou trois mois, tous savaient que l’effort qu’il a dû faire pour venir, celui de se déplacer, de venir, et de parler, lui en a coûté.
«
- Nous vous écoutons Nesis
- Venis mon altesse.
- Oui oui, peu importe parlez ! vous qui nous avez dérangés.
- Mes amis , dit-il en posant les mains de part et d’autre de l’écu qui ornait chaque place, l’heure est grave ! Je reviens du domaine de Dekereth, et en disant cela, il jeta un regard de côté au duc Dekereth, ce viellard octogénaire, qui pourtant son corps squelettique n’en était pas moins vivant.
Comme vous le savez sans doute, Dekereth touche la mer, ainsi que les frontières par le nord de Nestisis.
Tout le monde acquiesca suite à cette présentation.
Je reviens de la capitale du duché, Salskiorgh, et j’y ai laissé morte
Tout le monde frémit à ce mot, surtout le duc, craignant la suite,
L’héritière du duc, tous furent surpris, tous étonnés, ne s’attendant point à cela, craignant seulement que la femem du duc ait dit adieu au monde ;


- Comment-cela est possible !
- Mais elle était en bonne santé lorsque je suis parti
- Ma pauvre amie ;…morte ?
- Une si jeune fille …

Et ainsi de suite, tous ayant des réactions choquées, et des mines déconfites. Seul l’imperturbable Duc Melkhior de Melbereth garda son calme, suite à une longue éducation si réputé pour sa striction.

« Silence ! Silence !
Tous se turent, sauf le roi qui était tout au long de la déclaration resté silencieux
Comment ?
- J’y venais mon bon duc , et sur ce il s’inclina légèrement, la princesse a été…assassinée…

La princesse Sesothia mit sa main à la bouche, Philippos assis à côté d’elle, et au mépris des règles, surtout en ce moment, posa une main réconfortante sur son épaule, et alors que le duc de Melisita allait s’exprimé, le roi fit taire tout le monde d’un regard.
-Par qui ? , calme, il semblait se maîtriser pour ne sembler à la fureur
- Un assassin…Nestisien.
- Absolument sûr. Il portait dans sa poche l’ordre de mission, signé des grands-ducs de Sestisis, et semblait être sûr de s’échapper, mais le Haras de la princesse l’a abattu (les haras étaient des serviteurs dévoués, celui de la princesse s’appellait Merestos).
- Comment a-t-il pu relâcher son attention ,le roi semblait visiblement vouloir éviter la vraie décision qui allait s’imposer à la suite du conseil, ?
- Nous croyons…Nous croyons qu’une drogue a fait relâcher sa prévenance…
Soudain le roi s’affala sur sa chaise, sentant le poids des années, mais la sérénité était sur son visage.

Il serait bon d’expliquer avant d’aller plus loin dans les événements l’histoire du blocus. Nestisis et Sestisis se vouaient depuis longtemps une haine très modérée, et seulement jalouse l’une de l’autre.
Mais cette année là, les grands duc de Sestisis refusèrent le droit de passage aux marchands Nestisiens transportant des marchandises dont la necessité ne se faisait sentir que pour leur qualité et leurs prix (telles le grain surtout), car Sestisis se voyait dépendant de Nestisis en la question, et plus le temps passait semblait-il, plus les paysans Sestisiens perdaient courage, et Nestisis affermissaient son emprise.
Il y a deux ans, la proportion de grain Nestisien et Sestisien en Sestisis étaient de trois pour deux.
Le blocus avait débuté depuis une semaine, et c’est pour cela qu’elle ne semblait qu’une bagatelle, et le commerce n’en ressentait pas encore les effets, la moisson n’ayant lieu que dans trois mois.

Un seul mot parvint sur ses lèvres, un seul s’en échappa, un seul atteignit le cœur de tous ici présents, un murmure imperceptible , mais pourtant si puissant.
« Guerre .»

L’ordre fut absolument donné, et on sonna partout les puissants cors, qu’on n’avait pourtant pas sonné lors de l’assasinat de la princesse, pour attendre la décision du sage roi, et de lieue en lieue, l’appel retentit, très peu de régions ne purent l’entendre, et tous furent au courant. Dans le château, on réveilla les serviteurs, on fit appeler les bardes, les crieurs , et tout ceux capables d’annoncer la nouvelle, et dans toute la ville on les vit courir de taverne en maison, annoncer la guerre.

***

Les trois étudiants se tenaient toujours à la taverne, et lorsqu’ils entendirent le premier cor retentir, il ne crurent qu’à un incendie, et pendant un instant tous se levèrent puis se rassirent.
Mais enfin, le cor continua à sonner, puis d’autres, puis tout Nestisis sonnait, car le pays avait connu sa dernière guerre il y aseulement 50 ans, ce qui expliquait que tout existât encore, mais les habitants n’osant croire à la guerre, restèrent éberlués, ne bougeant pas, s’arrêtant de boire, ou ne regardant ni leur verre, Velia même arretât son jeu et écouta.
Deux ou trois minutes plus tard, la taverne était toujours suspendu, et tous se taisaient en un silence funébre, lorsque soudain un petit page déambula par la porte de la taverne (cette taverne se trouvait non loin du château).
« La guerre est déclarée ! Sestisis a assassiné la belle Morgianne (telle s’appellait la princesse de Dekereth) , le roi déclare la guerre à ces chiens ! »
Il disait cela, le souffle court, et mélangeait sans doute le texte préparé, et en oubliant une partie.
Quelques secondes de silence suivirent l’arrivée de la Guerre.
Lorsque Gregior leva son verre, et décocha sa rapière et dit tout fort en levant de même le bras du guerrier et de Velia, les joignant tout droit
« Et bien mes amis, la guerre soit, mais seul non ! Alors tous ensemble nous vaincrons, et verrons par delà même le pays, et les jolies filles, ainsi que le vin et la bourse ! »
Et tous criaient un hourra, ensemble, et levèrent leur verre, sans se rendre compte ce qu’était vraiment la guerre.


***

Velia venait de se rendre compte qu’en levant son verre ainsi, elle liait son destin à ceux des deux jeunes beaux garçons. Elle ne pouvait plus les séduire impunément, ni les voler. Elle se dit même au fond d’elle même qu’elle les aimaient bien tout les deux, le joli garçon charmeur, et le guerrier grognon. Elle avait le pressentiment qu’ils parcouraient une grande route ensemble, si ce n’est la route qui leur restent à vivre.

***

Et loin des hommes, loin de leurs haines, de leurs joies, et de leurs peurs, les cercles de pierre, dernier vestige mystique avec ces druides, ces cercles de pierre tremblèrent d’un court râle mais ô combien puissant.

***

Si quelqu’un eut l’obligation, ou l’envie d’aller se promener dans le niveau le plus bas connu des sous-sols (étage –5), il aurait entendu des pleurs, et croyant trouvé quelque enfant perdu, il se serait approché et aurait vu le vieux duc de Dekereth pleurait toute les larmes de son corps desseché.

***

Et au moment même où le premier cor sonnait, où la princesse soupirait, où le roi se taisait, ou les trois joyeux aventuriers levaient leur verre, où les cercles de druides tremblèrent, Bub s’entaillait le bras.

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Mort-verte
Petit sorcier d'Angie - Barde, Crieur public - Apprenti des Arcanes - Univers : Ezar

Dernière mise à jour 20/09/01