L’histoire commence à Sulfura, grande ville minière,
haut lieu de la métallurgie et de la confection
d’armes. Ocinia est une jeune fille comme les autres,
elle effectue les tâches de sa famille : les Datara.
Une famille elle aussi banale, sans aventures. Ils
vivent simplement, modestement, paisiblement, loin de
tout problèmes.
Même instant, autre lieu : l’enfer et ses
flammes, ses cris et son sang. Hakeldama est un général
d’Ogrimar, un démon belliqueux, avide de destruction,
il aime torturer ses misérables humains comme ils sont
considérés ici. Le démon commence à se faire vieux,
pour un démon, ses quelques centaines de combats et de
massacre l’ont usé, affaibli, il entame aujourd’hui
sa dernière campagne. Sulfura est aujourd’hui la
cible, la victoire s’annonce fulgurante et
terrifiante, comme toujours. Les troupes sont bien préparées,
nombreuses et puissantes, bien plus que des humains pris
par surprise, et Hakeldama est un des plus grands généraux.
Ce jour là Ocinia était partie chercher
quelques fruits au marché qui se tenait en la ville. La
journée battait son plein et chacun vaquait.
L’attaque fut sournoise, inattendue, et les ravages
indénombrables. L’armée d’Hakeldama tua, pilla,
les pires tortures furent commises, barbarie et sans
pitié étaient les mots d’ordre. Ocinia tenta de fuir
comme elle pouvait. Dans la tourmente de la mort et des
danses endiablées des corps, elle essayait de se réfugier,
avant de tomber nez à nez avec le démon. Nul ne
saurait expliquer ce qui traversa l’esprit des deux êtres,
quelque chose venait de naître mais ils ne savaient
quoi. Alors qu’elle allait être éviscérer par deux
ailés démoniaques, il les abattu sans effort, la pris
dans ses bras et s’envola, loin, avec elle... Les démons,
laissés là sans chef, perdus, battirent en retraite,
laissant la ville en cendres, clairsemée de corps et de
mourants. Ogrimar alerté décida de le laisser aller,
jugeant que le fruit de l’union des deux êtres
donneraient un bon élément, utile à ses fins. Ils
fuirent loin, au milieu d’épaisses forêts, ils parlèrent,
s’avouèrent et confectionnèrent 3 jolis enfants,
dont Shrogran.
Trois garçons, trois jumeaux, adorables,
charmants bambins, heureux dans cette maison batie par
le démon. Sulfura se remettait petit à petit de ses
blessures, et bien souvent la famille s’y rendait pour
ses courses, pour montrer le monde aux enfants.
Hakeldama s’était pris d’affections pour les
hommes. Au premier abord, les gens s’enfuirent en
hurlant à la vue du démon, mais bien vite l’harmonie
et la tolérance prirent le dessus. Un seul homme les dénigrait,
Sylo de son nom, encapuchonné en permanence, un vieil
homme médisant et aigri, commère de son état. Tout
allait pour le mieux, les jeunes grandissaient, âgés
de 10 ils se complaisaient dans le cocon familial.
Mais voilà, tout allait bien, trop bien, Ogrimar
n’aurait pu laisser cette trahison. Or donc il advint
que, profitant du meurtre d’une habitante de Sulfura,
violée et égorgée en forêt, Sylo parvint à monter
les humains contre la famille. Par une paisible nuit,
tandis que les enfants dormaient, Hakeldama et Ocinia
parlaient de leur avenir, au coin du feu. Ils évoquaient
leur bonheur et ce que leurs fils allaient devenir...
Ils entendirent des jurons, des cris à l’extérieur,
ils virent des flambeaux et toutes sortes d’armes et
d’outils brandis à la fenêtre. La porte fut bien
vite enfoncée, et l’assaut sauvage et dénué de
toute tentative pour comprendre, de compassion. Ocinia
tomba la première, baignant dans son sang, la colère
du démon fut sans limite et le combat tragique et
grandiose. Mais leur nombre le submergea, une vague de
haine et de cruauté le terrassa.
Les enfants descendirent, et ne purent que
constater l’horreur, Shrogran resta impassible tandis
que ses frères se jetaient sur leurs parents, en
larmes. Sylo était là, il regardait la scène tandis
que les humains repartaient, fier de leur œuvre,
emportant leurs corps. Le vieil homme s’approcha d’Hakeldama
et lui chuchota qu’il n’aurait jamais du espérer
qu’Ogrimar le laisse s’en tirer ainsi, avant de
l’achever. Il s’occupa ensuite des deux frères de
Shrogran, Abel et Izael furent bien vite assassinés et
le jeune garçon ne peut que s’enfuire prestement.
L’envoyé du dieu de la traîtrise et de la haine
s’apprêtait à le suivre mais il fut bien vite rappelé
à l’ordre par Ogrimar qui voyait en lui un potentiel.
Shrogran courut à perdre haleine, la forêt
l’abritait, et la nuit de son linceul recouvrait la
maison en flammes. Il ne s’arrêta qu’au bout de
quelques heures, perdu, seul, desesperé. Et sa vie
allait s poursuivre ainsi, en forêt, à chasser, à se
nourrir comme il le pouvait, s’abriter comme il le
pouvait dans les grottes et autres abris de fortune. Il
vivait avec la nature, avec pour seul désir de se
venger, de les venger... Un jour, au détour d’une
lisière, un loup, peu commun, un loup blanc, immense,
il le regardait mais sans aucune animosité. Il se mit
à parler, et il lui parla d’Ogrimar, il
l’endoctrina, sa haine pour les hommes grandissaient
encore et encore, pourtant son père lui avait toujours
dit de les aimer. Il fut vite convaincu et vite investi
de la mission de les espionner, de monter dans leurs sphères,
de s’intégrer afin de transmettre aux armées sombres
des informations. Une fois en âge de se défendre, il
prit le chemin de Lighthaven, pour accomplir cette tâche
divine, emplie d’une haine brûlante et intarissable,
mais aussi du souvenir de ses parents, de leurs paroles...
Aujourd’hui, après avoir été garde de la
ville de Lighthaven puis capitaine de cette même garde,
Shrogran est mort, le crâne brisé par un des
miliciens. Renvoyé de son poste pour avoir épousé sa
supérieur hiérarchique au sein de l’armée des
ombres, Carmene Theos, il dévoila sa traîtrise. Renié,
traqué, il trouva le refuge dans sa famille avant de la
monter aussi contre lui, égorgeant son propre cousin
qui ne servait pas sa cause.
Il décida de se donner la mort, mais il voulut
une dernière fois honorer Ogrimar, qui lui avait offert
confiance, puissance et l’impression d’être
quelqu’un. Dans une dernière tentative pour
assassiner le Roy, il fut arrêté par un de ses amis,
accompagné d’un garde, le baron Elmar Ezeil et le
milicien Chich De Sian. Il s’assit sur le trône de
Theodore, dernière provocation, dernier pied de nez à
ceux qui l’ont maudit. Il laisse derrière lui 4
jeunes fils, et quelques cœurs brisés
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