Samsagace regarde le soleil baisser au niveau
de la cime des arbres. Les cieux se teintent
d’un superbe rouge orangé et, déjà, la
lune se lève nonchalamment.
Il s’assied au pied du gros chêne,
s’assure qu’aucun mages ou arbres démoniaques
n’errent dans le coin, sort son livre relié
et la plume qui va avec.
Son vieux compère loup vient
s’asseoir à ses pieds et semble
s’endormir. Il ronfle.
Sam prend sa pipe et sa blague à tabac
d’Angélus. Quelques instants plus tard, des
volutes de fumée s’élèvent déjà vers
les cieux. Un oiseau, visiblement dérangé
par la fumée, s’envole jusqu’au prochain
arbre où il se pose délicatement.
Le vieillard sort de sa rêverie et commence
à écrire :
Pour de nombreux aventuriers, l’Ile de Stoneheim
est... l’île de Stoneheim.
Je vais tenter ici d’assurer le lien entre
les générations, pour que jamais la mémoire
ne se perde. Sache, jeune aventurier,
qu’avant que tu ne foules Althéa de tes
pieds, l’île de Stoneheim se nommait l’île
Maudite. Ouvre ton esprit, et apprend la vérité.
En fonction de tes croyances, apprend à la
redouter ou l’adorer.
I. Genèse d’une île
Maudite
L’île de Stoneheim existe depuis
toujours Enfin A l’échelle humaine...
Fut un temps, les dieux régnaient en maîtres
sur Althéa. Nuls ne pouvaient s’opposer à
eux. Ils étaient le passé et l’avenir, le
Fil permettant de ne point se perdre dans le Dédale
de l’Histoire.
Puis vint l’Haruspice. Du jour au lendemain
les divinités majeures furent reléguées du
rang de décideur à celui de sujet d’une
puissance supérieure.
Cette apparition première de l’Haruspice,
plus connue sous le nom de Premier Jugement ou
Première Prophétie, n’entraîna pas
qu’une révolution spirituelle. Pour assurer
son emprise sur le monde et surtout pour
prouver aux futurs habitants que les jugements
ne constituaient pas qu’une légende, il créa,
de toute pièce, une île destinée à
l’apprentissage de la peur du jugement.
Cette île est celle que tu connais sous le
nom de Stoneheim. Celle que les anciens
connaissent sous le nom de l’Ile Maudite.
Les dieux virent en cette île une
preuve de leur infériorité à l’Haruspice.
Il leur fallait à tout prix la faire disparaître
des mémoires pour pouvoir s’assurer un
nombre considérable de croyants. Les dieux du
Panthéon s’unirent donc pour réfléchir à
un moyen de faire cesser définitivement
l’entretient de cette peur et par là même
de faire cesser la suprématie de
l’Haruspice. Ils se liguèrent secrètement
contre le nouveau Maître.
Mais l’occasion leur manquait pour
frapper.
Et vint la Seconde Prophétie. L’Haruspice
anéanti les Elfes. Sauf un (enfin on murmure
que d’autres ont survécu mais c’est une
autre histoire : celui que vous appelez la
Liche ou encore le Sombre. Encore une fois, on
peut voir dans ce geste deux choses en
fonction de la conception que l’on a de
l’Haruspice. Si l’on considère l’Haruspice
comme un enseignant nous permettant de nous
bonifier, la Liche n’est là que pour nous
montrer ce qui arrive à ceux ne suivants pas
son enseignement. Si l’on considère
l’haruspice comme un Fou de Guerre, la Liche
n’est que la preuve de sa folie sanglante.
Je ne veux point influer l’esprit de mes
disciples, je ne dirai donc pas la théorie
que je retiens personnellement mais certains
d’entre vous la connaissent et j’espère
que ma tête finira sur mes épaules
De toutes façons, la Liche a été doté
de pouvoir destructeur par l’haruspice lui-même.
Les dieux virent donc, et à raison, en la
Liche un symbole de puissance de l’Haruspice
qu’il fallait donc cacher s’ils voulaient
conserver la Foi qui les nourrissait, source
de leur puissance.
Fort logiquement, l’Haruspice choisit
d’allier ses deux symboles pour augmenter sa
puissance persuasive sur les populations : il
mit donc le Sombre sur l’Ile Maudite.
Constatant les pouvoirs destructeurs de
l’instrument de l’haruspice, Ogrimar décida
de s’établir lui aussi sur Stoneheim et ce
pour deux raisons : l’île en elle même était
propice à son action puisque, symbole de la
puissance destructrice de l’haruspice, elle
état le siège de la Douleur et des Affres.
Et de plus, en se fixant sur l’Ile Maudite,
il se permettait d’entrer en conflit direct
contre la Liche, faisant fi de ce qu’il
devait considérer comme l’inutile ligue des
dieux du Panthéon, il se présentait en
Champion, en Conquérant.
Ainsi donc fut constituée l’île de
Stoneheim.
II.
La Ligue des Dieux
Suite à l’anéantissement de la race
elfe, l’Haruspice se retira, patientant
jusqu’à sa prochaine venue.
Les dieux profitèrent du repos réparateur de
celui-ci pour frapper. En passant ils
joignirent l’utile à l’agréable puisque
leur principal rival était lui aussi sur l’Ile
: Ogrimar, dieu du Chaos.
Les dieux du Panthéon (Artherk, Syl, Sélène,
Iago et Brehan) unirent donc leur force en une
colossal décharge d’énergie. Ogrimar, pris
au piège, tenta tant bien que mal de résister
mais il ne put rien faire face à la puissance
des quatre dieux réunis.
Il se retrouva donc enfermer avec la
Liche sur une île dont l’accès était
impossible.
En quoi consistait ce bouclier ? En fait on a
peu d’informations là dessus. Il semblerait
que ce qu’avait fait les dieux était
d’avoir téléporté Stoneheim sur un autre
plan, en effet, personne n’avait jamais vu
l’Ile avant que le bouclier ne se désagrège.
A mois que le bouclier rendait l’île
invisible... Les théoriciens restent divisés
sur ce sujet.
Toujours est-il donc que les dieux
retrouvèrent ainsi leur pleine puissance.
Privé de symbole fort, la mémoire des venues
de l’Haruspice tendit à se perdre peu à
peu. La crainte qu’engendrait auparavant ses
oeuvres se perdait et les Nains crurent,
puisque privés des élément matériels que
l’haruspice avait laissé pour prouver son
invincibilité, qu’ils ouvaient battre le
Juge.
On sait quel fut le résultat...
Lors de sa venue, le juge se rendit
compte du tour pendable que lui avaient joués
les dieux et aida donc son disciple la Liche
mais aussi l’Ogrimar à desserrer l’étau
qui empêchait son exemple universel de
puissance de raisonner jusqu’aux tréfonds
des âmes. Une fois assuré que la Liche alliée
de circonstance à Ogrimar arriveraient à se
libérer du bouclier, il se retira.
Les dieux, ne se doutant point de l’œuvre
du Juge, délaissa le bouclier et laissa sa
garde à des humains triés sur le volet. Mal
leur en pris, les humains, peu astucieux et
moins savants que l’Ogrimar ne surent déceler
les signes précurseurs de l’effritement du
bouclier ce qui leur aurait permis de contrer
cet affaiblissement.
Un des gardes du Bouclier a d’ailleurs avoué
la tâche qui lui avait été alloué par
Artherk :
"Nous ne sommes que quatre pour
l'instant à être au courant, mais nous ne
pourrons conserver le secret bien longtemps.
Est-ce utile d'ailleurs...
Le bouclier... Le bouclier ancien qui
protège l'île maudite de Stoneheim se désagrège!
(Son
nom : Lynn Gardien du Passé, prend
d’ailleurs une tournure toute autre
introduite dans cette théorie... Gardien du
passé au sens de geôlier de Stoneheim ?)
III. La résurgence
de la puissance de l’Haruspice et de l’Ogrimar
La tâche qui incombait à Lynn,
Camber, Lycaos et le quatrième gardien (que
je n’ai jamais réussi à identifier) leur
pesait, mentalement et psychiquement. En fait,
sans que jamais l’un d’entre nous ne
s’en rendit compte, leur vie était dédiée
à la surveillance du bouclier.
Ceci explique leur abattement et leur désarroi
quand ils comprirent que tout était fini,
qu’ils avaient échoués :
"Les derniers jours ont été
effroyables, épuisants. Camber est parti se
reposer, et je perçois encore son inquiétude.
Il ne veut révéler quel sombre avenir il a
entrevu, un fardeau qu'il ne peut se résoudre
à partager... Ses traits sont crispés et sa
peine immense, à l'aune de la fatigue qui voûte
les épaules de Messire Lycaos. "
"nous repousserons jour après
jour, jusqu'à épuisement de nos forces et de
nos cœurs, le retour de Stoneheim sur Althéa
! "
"Je ne sais ce qui a pu se
passer... Je ne sais ce qui a pu pousser des
gens aussi censés à commettre une telle
folie. Sur plusieurs mondes des rapports sont
parvenus prouvant indubitablement que des
aventuriers de bonne foi, ont aveuglement
participé à la destruction du bouclier.
Baazul, Demios...
Ils ne pouvaient pas être conscients
de la portée de leurs actes... Ils ne
pouvaient pas... Je me refuse à le croire, ou
alors tout est déjà perdu... "
Les exemples sont nombreux, rétroactivement,
on peut se rendre compte à quel point Lynn
par exemple avait investit sa vie dans ce
projet, on peut même se demander si sa mort
ne constituait pas un suicide... Mourir dans
une bibliothèque quoi de plus beau pour lui ?
" Hélas, l'archiviste, le scribe
royal ou encore le Gardien du Passé d'Althéa
comme certains se plaisaient à l'appeler, n'a
pas été retrouvé. Seul à être porté
disparu, il a été vu pour la dernière fois
par un jeune scribe, qui, des trémolos au
fond de la voix, dira l'avoir vu s'engager en
direction du coeur de son domaine, sans doute
dans le futile et perpétuel espoir d'y
apporter quelque ordre.
L'émotion n'atteindra cependant son
paroxysme que le lendemain, lorsque ce qui
ressemble fort à des fragments de pierre de
destinée sont finalement retrouvés...
Une évidence alors s'impose... "
Ainsi finit la vie d’un garde : dans
l’échec.
Jeune aventurier, désormais tu en
connais plus sur la funeste histoire de celle
que tu appelle Stoneheim.
Prend garde car comme Lynn le disait avant de
mourir :
" Hélas comme nous aurions du le
prévoir, tous sont pour l'instant aveuglés
par les mirages de l'île ténébreuse.
Fous... Ils se rendront compte bien assez tôt
je le crains de leur inconscience et de leur témérité...
Explorer le domaine maudit où jadis Ogrimar
et le Sombre furent enfermés... Le lieu d'où
ils n'auraient jamais du pouvoir s'échapper...
"
J’espère que tu comprends mieux ce
que tu fais en foulant Stoneheim de tes pas.
Ce n’est pas là une île... naturelle.
C’est l’expression de la plus pure des
puissances destructrices.
Prend garde à ne jamais séjourner
trop longtemps sur ces terres, les siècles
d’enfermement d’Ogrimar ont mis quelque
chose d’ans l’air... Quelque chose de fou
et de sanglant...
Le Chaos.
Samsagace referme son livre
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