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AUROS LE DIEU TAUREAU, PAR RONDEBERT

  Voilà des heures que j'errais dans le labyrinthe des cavernes de l'ouest de Lighthaven. Le plan que j'avais tracé minutieusement sur un vélin avait été déchiré par les griffes d'une atrocité, ma gourde était vide, et la flamme de ma dernière torche vacillait, faisant apparaître des ombres mouvantes sur les parois humides et torturées.

  La torche s'éteignit et j'étais à présent dans l'obscurité la plus complète. Je m'immobilisais. Le silence n'était troublé que par le dégouttement de l'eau le long des stalactites. Puis je perçu derrière moi le chuintement caractéristique des pas d'une atrocité et bientôt monta à mes narines la suffocante odeur de pourriture humide de ces bêtes aux griffes acérés. Je me retournais, balayant l'obscurité d'un coup puissant de mon épée, mais je ne rencontrais que le vide. La bête rugit et le cri se propagea dans les boyaux de la grotte, l'amplifiant et le déformant. Je fus alors repoussé violemment par sa patte qui m'imprima de cuisantes blessures au ventre, déchirant la veste de cuir.

  De mon enfance dans les montagnes du continent, où je m'occupais de vaches, j'ai conservé un grand nombre de superstitions et de croyances, que je me suis efforcé d'enfouir pour devenir un fidèle servant d'Artherck. Mais alors que la mort semblait devoir m'emporter, je me pris à invoquer le nom d'Auros, une obscure divinité populaire, un dieu taureau défendant les humbles et les paysans.

  Un meuglement se fit entendre, incongru dans ces profondeurs obscures et humides. L'atrocité qui se préparait à se jeter à ma gorge fut un instant décontenancée et ses yeux de braise se dirigèrent dans la direction d'une apparition fantomatique qui galopait en notre direction, martelant le sol de ses sabots. C'était une vache d'une taille colossale, une grosse bête en apparence paisible, mais qui approchait la tête baissée à une vitesse impossible, ses deux cornes lumineuses pointées en avant.
L'atrocité fut fauchée violemment et la vache géante traîna le corps disloqué sur de nombreux mètres, avant de disparaître dans les ténêbres. Le temps de me remettre de ma stupeur et je découvrais en tâtonnant un sac de toile contenant des torches, de quoi tracer un nouveau plan et une étrange statuette de taureau sculptée dans la corne. Je ne tardais plus à trouver une issue et regagner la lueur du jour et j'adressais alors une prière fervente à Auros.

  Cette noble vahce qui m'avait sauvé, était-elle celle dont parlait Jalus, un villageois de Lighthaven ? Je suis pour ma part persuadé que c'était une envoyée d'Auros, et j'ai décidé de propager la foi en lui, qui avec modestie saura montrer au peuple la voie de la prospérité sans se faire exploiter par les dieux élitistes et leurs adeptes
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Dernière mise à jour 06/02/02