De Profondus,
deuxième partie, de Kaazar, Barde Royal
Je
quittais Zhakar le vieux mage, le laissant dans
sa tour pour tenter de trouver l'antre dont il
m'avait parlé : l'antre des profondus. A la
sortie de sa tour, les monstres hideux qui
m'avaient pourchassé semblaient s'être désintéressés
de leur proie et vaquaient à leurs sombres tâches.
Le soleil s'était perdu sous l'horizon et je
fis donc appel à des arcanes de lumières pour
éclairer le sol boueux qui enlisait la maigre végétation
de ce lieu maudit. Diable, que cette région était
repoussante ...
Alors que j'avançais dans la direction que
m'avait indiqué le vieux filou, je fus tout à
coup pris à la gorge par une odeur
pestilentielle rappelant le poisson pourri. Je déchirais
un bout de chiffon pour masquer mon appendice
nasal mis au pilori par ce supplice indélicat.
Des cris gutturaux étranges se faisaient
entendre. Avec discrétion je m'en approchai et
découvris les formes hideuses de ces créatures
marines. Telles des fourmis immondes, elles
entraient et sortaient d'une sorte de tanière
ramenant avec elles des bouts de chairs encore
sanguinolents provenants de créatures
impossibles à identifier.
Cette vision d'horreur me retournait l'estomac
et c'est avec une rage indescriptible et un dégoût
sans nom que je fis crépiter l'air, faisant
apparaître des pics glacés qui par
enchantement se ruaient sur ces hideuses
monstruosités. Je forçais le passage et pénétrait
dans cette grotte tel un dément, les cadavres
de mes adversaires s'entassant autour de moi.
Ces cavernes grotte semblait bien grande et s'y
perdre était signer sa perte. Aussi, malgré la
folie de mon acte, je fis attention au chemin
que j'empruntais afin d'être capable de
retrouver la sortie. Je me rendis compte que
sans y faire attention je m'étais mis à
chanter un vieux chant à la gloire de Titania
appris pendant mon enfance auprès de mon maître.
Etrangement, il m'apporta réconfort et paix et
c'est avec l'esprit beaucoup plus clair que je
continuais d'arpenter ces galeries sombres et
puantes.
Brusquement un cri inhumain me déchira les
tympans et devant mon visage crispé par
l'horreur apparu une créature gigantesque, aux
cicatrices monstrueuses et au regard diabolique.
L'hésitation provoquée par ma frayeur lui
donna l'avantage et il psalmodia dans la langue
des morts les mots terribles qui volent la vie.
Ses blessures semblaient se refermer tandis que
je sentais la vie s'échapper de mon corps. Dans
ce que je suppose être un réflexe de survie,
je courus en arrière m'abriter de ses puissants
maléfices. Plus loin, je débouchai un de ces
fameux remèdes qu'un marchand enthousiaste
m'avait vendu et l'engloutis tout en tremblant
d'effroi. Le liquide visqueux coula dans ma
gorge avec fureur, me réchauffant le corps et
l'âme tandis que les cris de la bête
retentissaient toujours.
"
Soit, dis-je en reprenant légèrement mes
esprits, Tu ne fouleras pls longtemps le sol de
cette terre, Maudite créature ! ". A part
peut-être me rassurer, cette injonction n'eut
vraiment aucun effet. De plus, un dilemme intérieur
me tiraillait : mon esprit me commandait de
partir, mon cœur de rester. J'avais senti la
puissance de la bête et le doute s'était
insinué dans mon esprit. C'est alors qu'un cri
retentissant remplit la caverne : " Par
Brehan ! ".
La
stupeur fit rapidement place à l'allégresse
quand je vis un chevalier tout d'armure vêtu.
Sa lame maculée par le sang bleuâtre des
profondus fendait l'air avec une dextérité que
je croyais impossible. Les têtes, les bras, les
griffes semblaient se dissocier des corps comme
par magie a chaque coup porté. Contrairement à
moi, il n'eut aucune hésitation et frappa avec
rage Profondus qui poussa un grognement mêlant
haine et douleur.
Enhardi
par cet acte de bravoure, je priais Titania afin
qu'il apporte sa protection au guerrier. Des sphères
de lumières entourèrent le combattant qui
sembla moins sensible aux coups de griffes et au
morsures de la bête. Je dessinai alors dans les
airs des arcanes puissantes qui jaillissaient à
intervalles réguliers sur le monstre en soutien
du preux chevalier.
Le
combat fut acharné et dura des heures
semble-t-il. Harassés et cherchant notre
souffle, nous priment le temps de nous asseoir
devant le cadavre inanimé de cette chose qui n'était
plus, pour récupérer. C'est ainsi que naquit
une solide amitié entre un barde et un guerrier
et que fut récupéré le bâton du malicieux
Zhakar. A quoi servit-il ?
Cela est une autre histoire...
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